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Quant au troisième intermède, c’est-à-dire à la cérémonie, les différences ne portent que sur quelques mots[1]. Ce texte est donc resté fixé de la sorte dans toutes les éditions aussi bien qu’au théâtre, où cependant il est de tradition d’ajouter sur la fille aux pâles couleurs quelques vers qui rappellent un peu la longue tirade qu’on remarquera dans le livret de Rouen.

Ce livret offre le texte des éditions ordinaires, mais beaucoup plus ample. Ici la cérémonie n’est ni jointe aux autres intermèdes ni accompagnée de la pièce. C’est comme une petite comédie à part. Le titre en est ainsi conçu : « Receptio publica unius juvenis medici in academia burlesca Johannis Baptistae Moliere doctoris comici. Editio deuxième, revisa et de beaucoup augmentata super manuscriptos trovatos post suam mortem. » Rouen, chez Henri-François Viret, 1673 ; et au dernier feuillet : « Achevé d’imprimer le 24 de mars 1673. » La seconde page commence ainsi : ACTA ET CEREMONAE RECEPTIONIS.

Il me paraît évident que cet opuscule contient la copie complète de la cérémonie, rédigée en commun dans le salon de Mme de la Sablière. Nous ne proposons pas pour cela de substituer ce texte à celui qui fut arrêté par Molière. Nous croyons simplement que cette pièce doit entrer comme annexe dans toutes les éditions critiques que l’on fera dorénavant de notre immortel comique.

Ce qui constitue la principale différence des deux rédactions, c’est que dans les copies ordinaires quatre docteurs seulement prennent part à la réception du postulant, et que dans l’édition de Rouen huit docteurs entrent en lice et interrogent le bachelier. Le président, praeses, ouvre la séance par la harangue que l’on connaît :

Scavantissimi doctores,
Medicinae professores, etc.

Le premier docteur parle également comme dans toutes les éditions. Les développemens nouveaux ne commencent qu’à la question posée par le second docteur :

SECUNDUS DOCTOR

Proviso, quod non displaceat
Domino praesidi, lequel n’est pas fat,
Mais benigne annuat,
Cum totis doctoribus sçavantibus
Et assistantibus bien-veuillantibus.
Dicat mihi un peu dominus praetendens
Raison a priori et evidens,
Cur rhubarba et le séné
Per nos semper est ordonné
Ad purgandum utramque bile ?
Si dicit hoc, erit valde habile.

BACHLIERUS


A docto doctore mihi, qui sum praetendens,
Domandatur raison a priori et évidens

  1. Par exemple, dans le programme de 1674, au lieu du mot chorus de l’édition 1673, ou lit le mot facultas.