savante. Les trois figures de rois placées au-dessus des vertus morales ne donnent lieu à aucune remarque spéciale. Comme elles n’inspirent pas par elles-mêmes un bien vif intérêt, et qu’elles s’adressent plutôt à l’érudition qu’à la pensée proprement dite, il serait superflu de s’arrêter à les étudier. L’exécution en est harmonieuse et se relie très bien à l’ensemble de la décoration. Je crois donc que M. Flandrin en a tiré tout le parti que nous pouvions souhaiter. Quant à la figure de saint Vincent qui occupe le sommet de cette muraille, non-seulement elle est très supérieure au saint Germain dont je parlais tout à l’heure, mais encore, sous le double rapport de la conception et de l’exécution, c’est à mon avis un morceau d’une importance capitale. Le costume du personnage se prête heureusement à l’emploi de toutes les ressources de la peinture. Simplicité, majesté, souplesse, tout se trouve réuni dans le vêtement de saint Vincent. Le raccourci des cuisses est parfaitement senti, les lois de la perspective n’ont rien à désirer. En voyant l’admirable parti que l’auteur a tiré de cette figure, je me demande comment il a pu traiter d’une façon à mon avis si incomplète la draperie du Christ et de la Vierge. Ce n’est pas moi qui le condamne, c’est lui qui fournit à la critique un témoignage irrécusable contre lui-même. D’après ce qu’il a fait, nous comprenons clairement ce qu’il aurait pu, ce qu’il aurait dû faire. Pour juger les figures de Jésus et de la Vierge, il suffit de regarder le saint Vincent.
Malgré toutes nos réserves, les peintures que nous venons d’analyser offrent un ensemble très satisfaisant, et nous désirons vivement que M. Flandrin entreprenne bientôt la décoration des galeries que lui a confiées le conseil municipal ; cependant cette décoration n’ajoutera rien à la valeur des compositions aujourd’hui terminées. Il serait donc raisonnable de les découvrir définitivement. Jusqu’à présent, je ne sais pourquoi elles n’ont été montrées au public que le jour de la Pentecôte, le jour de la Fête-Dieu et le dimanche suivant. M. Flandrin, s’il est bien conseillé, enlèvera le rideau qui masque ses peintures. Il a fait un ouvrage recommandable qui réunira certainement de nombreux suffrages. Qu’il le montre donc dès aujourd’hui, et que chacun, en l’étudiant, finisse mesurer l’intervalle qui sépare les peintures de Saint-Germain-des-Prés des peintures de Saint-Severin.
MM. Delacroix et Flandrin viennent de répondre victorieusement aux détracteurs de l’école française. On allait répétant partout qu’elle n’avait plus d’autre souci que de plaire à la bourgeoisie, qu’elle renonçait aux grands travaux, et avait perdu le sens de la tradition italienne. M. Delacroix, en se rattachant à l’école de Venise, M. Flandrin, en consultant l’école romaine, ont réduit à leur juste valeur toutes ces banales déclamations. Depuis long-temps l’école française n’avait rien produit d’aussi important, et c’était pour la critique un devoir impérieux d’appeler