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pour régler le droit de propriété dans la régence, et pour mettre un terme à l’anarchie qui régnait sous ce rapport. En effet, de nombreuses acquisitions avaient été faites vers les premiers temps de la conquête. Elles avaient eu lieu généralement au hasard, sur la foi suspecte des Arabes vendeurs, en vertu de titres insuffisans ou d’actes de notoriété dressés sans que les acquéreurs pussent même voir les lieux. De là des abus sans nombre. Quelquefois les terres vendues n’existaient même pas, presque toujours les contenances avaient été singulièrement exagérées, souvent les mêmes immeubles avaient été vendus plusieurs fois à divers acquéreurs. Cette fusion a eu des conséquences déplorables. Les colons sérieux ont craint d’entreprendre des travaux coûteux sur des propriétés contestables, et l’administration ne sait plus où trouver des terres pour les capitalistes et les travailleurs qui se présentent. Qui profite de ce chaos ? L’agiotage, qui achète à vil prix des terres demeurées incultes, et qui trafique de titres sans valeur. C’est à tous ces abus qu’on s’est proposé de remédier par l’ordonnance de 1844. On peut juger si l’exécution de l’ordonnance a rencontré des difficultés et soulevé des clameurs. Cependant le gouvernement ne pouvait reculer, et une nouvelle ordonnance du 21 juillet dernier a posé des règles précises, tout en faisant quelques concessions aux détenteurs de terres incultes. Ainsi le droit de propriété du colon sérieux qui a cultivé, même sans titre régulier, se trouve reconnu. N’importe ; tous les intérêts qui se croient blessés ont multiplié leurs réclamations, et cette importante affaire doit occuper d’une manière sérieuse le gouvernement. L’administration centrale des affaires de l’Algérie, qui a été récemment réorganisée en vertu d’un vote des chambres, ne demeure pas non plus oisive. Plusieurs projets en matière d’organisation civile sont à l’étude. On songerait notamment à rendre plus facile pour les étrangers la naturalisation ; on ne serait même pas éloigné d’essayer un système de franchises municipales. Si nous sommes bien informés, on s’occuperait également de réglementer par ordonnance la police de la presse. Entre la censure et la liberté de la presse, telle qu’elle existe en France, il y a à trouver un système mixte qui en permette l’usage, sans les abus qui dans l’Algérie pourraient compromettre les plus graves intérêts et le salut même de l’état.

A l’intérieur, la prorogation des chambres a momentanément apaisé toutes les questions. Entre l’opposition et le ministère, tous les grands débats ont été ajournés. Dans la petite session, le ministère s’est donné le plaisir de constater sa majorité ; mais, s’il veut la garder nombreuse et fidèle, il a beaucoup à faire. Nous croyons qu’au sein de cette majorité il rencontrera de louables exigences qui lui demanderont compte des promesses de réforme qu’il a si solennellement prodiguées au moment des élections par l’organe de M. Guizot. Il aura en face de lui des adversaires actifs, persévérans, et qui sont loin de se laisser atteindre par le découragement. Il y a quelques jours, l’opposition a voulu non-seulement résumes dans une sorte de manifeste ses griefs sur les élections accomplies, mais indiquer à ses amis tout ce qu’il y avait à faire pour améliorer l’avenir. Dans une circulaire adressée à leurs correspondans, les comités du centre gauche et de la gauche constitutionnelle développent les considérations qui les ont déterminés à se maintenir en permanence au lieu de se dissoudre, et à charger quelques-uns de leurs membres de correspondre avec les départemens. Ces considérations sont puisées dans les devoirs qu’impose la liberté aux peuples qui en