imposante donne son assentiment à la double union de la reine et de sa sœur.
Dans la sphère légale des pouvoirs constitutionnels, nous ne voyons donc pas d’obstacles qui puissent empêcher de s’accomplir les résolutions des deux gouvernemens de France et d’Espagne. Les passions populaires entreront-elles en lice ? Il n’y a rien là qui puisse sérieusement les enflammer, et, si on les voyait éclater sur quelques points, ce ne serait pas de leur propre mouvement, mais sous l’instigation d’une intrigue intérieure ou étrangère. Quoi qu’il en soit, puisque le gouvernement français s’est décidé à des actes de cette importance, il doit être en humeur et en mesure de ne se laisser ni surprendre, ni décourager par aucun incident. Nous espérons le trouver, jusqu’au bout de cette affaire, calme, résolu, avec la ferme volonté d’accomplir sans crainte tout ce qu’on a le droit d’attendre de lui. Désormais la question espagnole prend une gravité nouvelle pour la France.
Il est un autre point de l’Europe méridionale qui, en ce moment, n’est pas moins digne d’attention que la Péninsule espagnole : c’est l’Italie, c’est Rome. Là il s’opère un peu de bien, d’une manière lente, mais sensible ; là un esprit timide encore, mais sincère, d’amélioration se fait remarquer. Le peuple, excellent juge en cette matière, a reconnu dans le nouveau pape un amour vrai de ce qui est bon, humain et utile à tous. Aussi Pie IX est devenu populaire, même auprès d’anciens adversaires qu’il a su ramener à lui par une mansuétude toute paternelle. Il y a quelque temps, pendant les troubles qui marquèrent les derniers jours de la vie de Grégoire XVI, nous émettions l’espérance que la papauté avait en elle-même un principe de force et d’avenir qui lui permettrait de régénérer tout ce qui appelait de sages réformes. Cet espoir est en partie justifié. Pie IX a montré dès le début, sinon le prestige et l’autorité du génie, du moins la puissance du bonté intelligente. Dès les premiers momens, il a su convaincre le peuple de la loyauté de ses intentions. C’est beaucoup, car ainsi est tombée cette prévention funeste, qu’il n’y avait dans les états romains rien à attendre de l’autorité souveraine : opinion fatale qu’il était temps de déraciner, car elle ne laissait dans l’esprit des populations d’autre alternative que des révoltes incessantes ou la permanence du mal.
Il est aussi un résultat précieux qu’on doit à la juste popularité de Pie IX, c’est la formation d’un parti d’hommes modérés et sages qui puisse avec le temps conquérir une autorité non moins utile au gouvernement qu’aux populations. Jusque dans ces derniers temps, il n’y avait guère dans les états romains que deux classes d’hommes, les révolutionnaires et les partisans absolus du statu quo. Aujourd’hui commence à se faire jour une opinion éclairée, qui, loin de tous les extrêmes, demande qu’on améliore la chose publique sans la bouleverser. Cette opinion ne saurait être suspecte au gouvernement pontifical, car c’est par lui et avec lui qu’elle entend que le bien se fasse, et d’un autre côté elle peut servir de frein et de guide à des hommes honnêtes, mais exaltés, qui ont plus d’ardeur que d’expérience. N’y a-t-il pas dans les états romains à porter avec habileté la réforme sur beaucoup de points essentiels ? On peut accepter les termes de l’instruction adressée par le cardinal Gizzi à tous les gouverneurs des provinces. Le cardinal dit dans cette circulaire “ que sa sainteté s’attache à procurer le bien réel, positif et pratique de ses sujets.” Il ajoute