Au moment même où les chambres étaient prorogées, une question importante est venue s’emparer de l’attention publique. Le gouvernement espagnol a pris et fait connaître sa résolution relativement au mariage de la reine. Le choix d’Isabelle II est tombé sur l’un de ses cousins germains, sur l’infant don François d’Assise, duc de Cadix. Nous avons appris en même temps qu’un autre mariage était décidé, celui de M. le duc de Montpensier avec la sœur de la reine, l’infante dona Luisa. La diplomatie a eu ses bulletins.
Ces résolutions ont une portée qu’on ne saurait méconnaître, et, pour peu qu’on ait en mémoire et à cœur les traditions de la politique française, on doit y applaudir. Quand, par un décret daté du 9 mars 1830, Ferdinand VII, défaisant l’œuvre de Philippe V qui avait promulgué la loi salique, remit en vigueur l’ancien droit de la monarchie qui autorisait l’accession des femmes au trône, à défaut d’enfans mâles, les cours de l’Europe, notamment celles de France et de Naples, qui vers cette époque vint à Paris, enfin le chef de la branche cadette, M. le duc d’Orléans, protestèrent contre l’acte de Ferdinand VII, qui leur paraissait compromettre les avantages que la maison de Bourbon devait recueillir de la politique de Louis XIV. Cette question tenait en éveil la diplomatie européenne, quand la révolution éclata, qui pendant plusieurs années força les cabinets à ne s’occuper que d’elle, et qui d’ailleurs donna une nouvelle face à l’affaire de la succession espagnole. En effet, pendant les trois années que vécut encore Ferdinand depuis juillet 1830, il s’était établi une étroite solidarité entre les légitimistes de France et le parti apostolique espagnol, qui soutenait les prétentions de don Carlos. Si le frère de Ferdinand fût monté sur le trône, il eût été nécessairement considéré comme l’instrument et le précurseur d’une troisième restauration en France. Le chef de la branche cadette, devenu roi, ne pouvait donc hésiter ; il reconnut les droits et le gouvernement de la reine Isa-