question a grossi tout de suite en Danemark aussi bien qu’en Allemagne. Les griefs des duchés contre le royaume sont certainement fondés en raison, mais ces griefs sont-ils irrémédiables, sont-ils suffisans pour écarter à jamais les sujets allemands du gouvernement dont ils relèvent depuis quatre siècles ? En vérité, non. Serait-ce donc une si belle fortune aux yeux des Holsteinois d’aller faire au sein de la confédération un nouvel état de quatrième ou cinquième ordre ? Pensent-ils y gagner beaucoup d’indépendance ? pensent-ils ne se repentir jamais ? ou bien s’estimeraient-ils si heureux des chances presque immédiates qui pourraient les soumettre à la Russie ?
Tels sont les motifs, telle est la substance du débat engage maintenant entre le Danemark et l’Allemagne. Nous n’insisterons pas sur les faits par lesquels il s’est produit depuis deux ans ; nous avons essayé d’expliquer le sens et la portée des choses ; les choses elles-mêmes n’ont eu ni plus d’éclat ni plus de grandeur que ne le permettaient les dimensions du théâtre où elles s’accomplissaient. L’agitation a commence vers 1842, lorsque l’on a douté du succès de la seconde alliance contractée par le prince royal, cependant il est bon de rappeler que dès 1839, quand on cherchait des dédommagemens qui compensassent pour la diète la perte accomplie des cantons wallons du Luxembourg, la diplomatie eut un moment l’idée de réunir le Schleswig à la confédération au même titre que le Holstein. Les tentatives criées aujourd’hui sur les toits ont-elles donc été préméditées dans l’ombre des cabinets ? En 1844, le mouvement allemand était devenu assez pressant pour motiver la proposition faite par M. Ussing aux états de Roeskild, et acceptée par cinquante-neuf voix contre deux, on demandait instamment au roi qu’il déclarât sous forme péremptoire l’unité l’indivisibilité de la monarchie danoise. En 1845, M. Ussin a renouvelé la même adresse au nom et comme bourgmestre de la ville de Copenhague. D’autre part, les états et les populations du Schleswig et du Holstein n’ont cessé de présenter des pétitions et des contre-adresses toujours résumées sous trois chefs principaux : les duchés sont pays indépendans ; la descendance masculine règne seul sur les duchés ; les duchés sont inséparables l’un de l’autre. La lettre royale du 8 juillet dernier est la réponse décisive du gouvernement mis en demeure des deux côtés à la fois. Le roi se prononce affirmativement pour l’intégrité de sa monarchie, et, sauf ses réserves fâcheuses à l’endroit du Holstein, il parle à peu près comme avait parlé M. Ussing. L’agitation surexcitée par ce manifeste s’accroît tous les jours : démonstrations populaires, dissolution spontanée des états, appel public à la diète germanique, rien ne manque pour échauffer les esprits. Qu’arrivera-t-il, et le prince de Hesse doit-il ceindre paisiblement toutes les couronnes danoises qu’on