Norwége, enlever même à la Russie sa vieille conquête de Finlande ? Qu’était-ce que la possession du Holstein à côté de cette glorieuse restauration ? Une gêne dont ils se débarrassaient. Les Allemands les ont pris au mot. Quant au Schleswig, ce fut bien autre chose le parti avait commencé sa fortune en embrassant la cause des paysans danois de ce duché qui ne pouvaient point parler allemand ; il en vint à vouloir que les propriétaires allemands parlassent, uniquement danois. Ces grands libéraux ne reculèrent devant aucun moyen pour bannir le germanisme d’une terre scandinave, et harcelèrent sans cesse le gouvernement pour le pousser aux mesures les plus rigoureuses. En même temps, afin de séparer les deux races avec encore plus d’énergie, ils en appelaient aux préjugés vulgaires, aux antipathies les moins raisonnées de la multitude ; ils conviaient le Danois à la haine de l’Allemand. Ainsi sont arrivées des scènes déplorables qui ont produit le plus violent effet dans les duchés, des rixes populaires comme celles de Hadersleben, des discours injurieux comme celui du pasteur Grundtwig, disant dans un banquet national qu’il ne fallait pas craindre les Allemands, que la force des Allemands est celle des bêtes de somme, qu’ils ne sont bons qu’à porter et traîner tous les fardeaux. N’était-il pas cruel pour la civilisation allemande de se savoir si outrageusement reniée là où elle commandait jadis ?
Qu’a fait de son côté le parti du gouvernement, le parti dynastique ? Il a presque aussi bien réussi à s’aliéner des provinces dont il désirait tant la conservation. Garder le Schleswig et le Holstein, les garder sans condition et surtout sans changement dans le système monarchique de 1660, rester chez soi et maître absolu chez soi, c’est là son ambition, tout le contraire des ambitions scandinaves. Les dynastiques ont indisposé le Holstein par leurs empiétemens tracassiers comme les scandinaves par leurs dédains ; ils ont voulu ou même pratiqué dans le Schleswig cette propagande aveugle qui croit supprimer les mœurs et la langue d’un pays en un trait de plume ; ils ont essayé de conduire les provinces allemandes à peu près comme le roi Guillaume conduisait la Belgique. Ils n’ont d’ailleurs entendu à aucun arrangement ; ils ont demandé hardiment l’abolition de ces différences administratives qui semblaient toujours une garantie pour les duchés ; ils ont énoncé très rudement leur foi systématique dans l’indivisibilité perpétuelle des pays danois ; les adresses de M. Ussing à ce sujet sont de véritables remontrances. Enfin ils ont repoussé jusqu’ici de toutes leurs forces l’établissement des institutions libres, seul moyen pacifique d’assurer au Danemark une sage unité.
Nous ne cachons rien, nous exposons avec sincérité la situation pénible des partis et des nationalités aux prises ; on doit voir comment la