des Russes ; une raison très positive d’intérêt exclusif, l’intérêt suprême du Zollverein.
Au-delà du Rhin, l’érudition prend toujours beaucoup de place dans la politique, surtout dans la politique conquérante. On remonte volontiers le cours des âges jusqu’à ce que l’on y trouve le texte ou l’événement favorable aux ambitions germaniques ; on sait par exemple négliger tout ce qui les contrarie. Nous ne suivrons point la polémique allemande sur ce terrain où les Danois ont trop vite accepté la lutte. Quel que soit le sérieux avec lequel les deux partis se passionnent pour cette controverse de feudistes, nous ne faisons pas grand cas des argumens qu’ils vont chercher si loin. Le Danemark a découvert dans ses archives que le Holstein étant pays de droit lombard et non pas de droit saxon, les femmes y pouvaient régner : belle invention aussitôt bafouée par l’Allemagne ! L’Allemagne, de son côté, pour s’autoriser à mettre la main sur le Schleswig, s’empare d’une pragmatique de 1460 qui déclare le Schleswig inséparable du Holstein ; elle n’oublie qu’une chose, c’est d’ajouter que dans cette pièce même le Schleswig est qualifié de fief danois.. L’Allemagne a contre elle un acte de 1721, qui prouve l’incorporation formelle des parties apanagères du Schleswig à la couronne ; qu’importe ? Cette couronne qui se complète, ce n’est point, vous dit-on, la couronne de Danemark ; c’est la couronne indépendante des ducs de Schleswig, rois par hasard à Copenhague, mais au fond bons princes allemands plus appliqués à leur patrimoine qu’à leur état.
Nous avons peu de goût pour ces discussions trop rarement sincères ; il n’a jamais eu de plaideur qui manquât de pièces. Nous doutons que la science gagne beaucoup à s’aventurer au milieu de ces défilés, de la diplomatie ; elle y prend trop souvent deux poids et deux mesures. Le mieux qu’elle fasse en pareil cas, c’est de justifier au nom du passé les vraies convenances du présent. Il serait plus droit et plus sage de les accepter tout de suite pour elles-mêmes ; on ne risquerait pas du moins de les combattre. L’Allemagne qui lutte aujourd’hui si honorablement pour s’instruire dans la pratique des institutions modernes, n’apprendra-t-elle donc jamais à laisser du passé ce qu’il en faut laisser ? Ou bien, en la voyant tellement acharnée depuis deux ans à équivoquer sur une déclaration de 1460 et sur une charte de 1721, faudrait-il peut-être se demander si elle obéit là au pur amour de la vérité historique ; s’il n’y a pas quelque mobile moins désintéressé dans cette patience d’antiquaire avec laquelle ses doctes maîtres fouillent la poussière des titres ?
Ce qu’il y a d’abord sous toute cette érudition, plus laborieuse qu’exacte, c’est l’égoïsme de la nationalité, l’exaltation germanique par excellence. Là où l’Allemand pose une fois le pied durant la suite des siècles, la terre