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QUESTION DANOISE.




L’Allemagne recommence depuis quelque temps, avec plus de vivacité que jamais sa controverse nationale sur l’avenir de la monarchie danoise. Une déclaration significative émanée de la cour de Copenhague, à la date du 8 juillet, a renouvelé tout le débat. La question ne doit peut-être pas recevoir de décision très immédiate, et la France, au premier abord, ne semble pas très directement intéressée ; mais il ne faut cependant pas resserrer si fort nos horizons pour vivre de mieux en mieux au jour le jour, et, d’autre part, la question en elle-même se trouve naturellement si confuse, elle se complique de tant d’incidens, qu’il est bon de l’éclaircir à l’avance. De toutes les affaires du Nord, il n’y en a pas une qui ait été chez nous moins étudiée ou plus ou mal entendue ; il est par exemple de certains libéraux français auxquels les politiques d’outre-Rhin ont dû savoir bon gré de la chaleur avec laquelle ils soutenaient les prétentions germaniques contre les prétentions du Danemark. Nous ne serions même pas étonné que nos voisins, suivant l’habitude, ne se fussent un peu moqués de la simplicité de ces généreux avocats qui croyaient voir des progressistes en armes pour l’émancipation là où n’apparaissent que des plaideurs aux prises sur un point de droit féodal : nous ne voudrions pas mériter la même ironie. Cherchant d’un côté comme de l’autre les témoignages sincères, nous tâcherons d’exposer avec pleine équité la nature et l’origine du litige, les intérêts en jeu, les torts réciproques des deux peuples, les dangers d’une solution extrême, les nécessités générales qui demandent un accommodement. La question est épineuse et longue ; notre constant effort sera d’être bref et net.