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une seconde, qui malheureusement n’a jamais été mise au jour. Quant aux hommes éminens qui ont conquis une belle place dans la carrière des études égyptiennes, il ne peut être question ici d’analyser leurs livres : il suffit que l’on sache bien. que tous ont marché franchement dans la voie ouverte par Champollion, et que la science qui a dû sa première illustration aux Young, aux Champollion, aux Humboldt, aux Salvolini, aux Rosellini, aux Nestor Lhôte, et dont la réalité a été proclamée sans réticence par les Sylvestre de Sacy et les Arago, compte aujourd’hui pour adeptes fervens et convaincus des hommes tels que MM. Letronne, Ampère, Biot, Mérimée, Prisse, E. Burnouf, Lepsius, Bunsen, Peyron, Gazzera, Barucchi, Gliddon, Leemans, etc. On connaît maintenant les amis et les ennemis du système de Champollion. Nous avons vu que le docteur Dujardin, après l’avoir attaqué avec vigueur, avait fini par s’y convertir pleinement. Salt avait fait de même, et, après avoir écrit contre la théorie des hiéroglyphes phonétiques, il ne tarda pas à écrire pour la défendre et la propager lui-même de toutes ses forces. Je ne parlerai pas des systèmes proposés tour à tour par Seyffarth et par Goulianoff ; ils n’ont pu soutenir un sérieux examen, et, malgré tous les efforts intéressés de Klaproth au bénéfice du second de ces écrivains, son écrit est à peu près tombé dans l’oubli, tant il est vrai que la vérité finit toujours par triompher et par écraser l’erreur.


III.

J’ai fini l’histoire des études égyptiennes, études qui se poursuivent avec une ardeur toujours croissante par les héritiers des idées de Champollion ; mais le plus difficile de la tâche que je m’étais imposée me reste à accomplir, car il faut maintenant que je m’efforce de prouver que la méthode de lecture suivie par toute l’école de Champollion est rigoureuse et légitime, sous peine de laisser toujours planer un doute injuste sur une science qui, sans avoir besoin d’être encouragée directement par les indifférens, tant elle a d’attrait pour quiconque s’en occupe, ne doit pas cependant être laissée en butte au dédain de ceux qui ne veulent pas se donner la peine de s’assurer par eux-mêmes du degré de confiance qu’elle mérite.

Je demande pardon à l’avance pour la simplicité quelquefois plus que naïve des moyens de démonstration que je vais employer ; mais, comme tout ce qui paraîtra ridiculement simple, appliqué aux mots français que je choisirai pour exemples, ne l’est pas moins quand il s’agit de mots égyptiens à déchiffrer et à comprendre, j’aurai bien, ce me semble, le droit de dire à quiconque refusera de croire en refusant d’examiner,