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ses dernières volontés sont méconnues. Alors des faits nouveaux surgissent ; la maison de Barcelone, après de longues négociations, vient trôner sur les bords de l’Aude. De leur côté, les seigneurs châtelains veulent aussi profiter de la discorde qui affaiblit l’autorité des représentans de l’ancienne dynastie, et ils cherchent à se rendre indépendans à l’abri de leurs donjons ; le peuple, qui n’a plus dans la cité et dans les vigueries qu’une liberté traditionnelle, commence à murmurer hautement contre l’oppression. C’est en vain que les évêques et les abbés se réunissent en concile et fondent la trêve de Dieu pour repousser les effets de cette oligarchie ; tous ceux qui ne sont ni colons ni serfs des seigneurs, c’est-à-dire les habitans des campagnes et les populations groupées autour des monastères, prennent les armes. Les paroisses, avec leurs bannières, arrivent sous les murs de Carcassonne, où elles trouvent des amis et des frères qui veulent partager leurs dangers. En un jour, la féodalité est vaincue, et la bourgeoisie signale son avènement au pouvoir par la fondation n d’une nouvelle dynastie féodale.

Ces faits sont complètement neufs et ne faisaient point encore partie du domaine de l’histoire. Si l’on tient compte à l’auteur des erreurs nombreuses qu’il a relevées dans les meilleurs ouvrages, tels que l’Art de vérifier les dates, le Gallia Christiana, l’Histoire générale de Languedoc, et les travaux récens de Fauriel et de Lelewel, son œuvre courte et substantielle, où ne sont pour ainsi dire renfermées que les conclusions de ses longs travaux, mérite une mention toute particulière. Au milieu d’une époque qui travaille vite et cherche à produire des volumes, l’histoire du comté de Carcassonne nous semble devoir être classée parmi les meilleurs livres qui ont été écrits sur l’histoire de France.


THE NOVITIATE OR A YEAR AMONG THE ENGLISH JESUITS, A PERSONAL NARRATIVE BY ANDREW STEINMETS[1]. — Un jeune créole, autrefois riche, a dissipé en longs voyages les restes de sa fortune ; il est à Londres, seul, sans ressources, et de plus catholique. Tout à coup, tandis qu’il se promène tristement dans sa chambre de Fleet-Street, dont il ne peut payer la location, l’idée lui vient de se faire jésuite. Il s’arrête, bondit de joie, court sans désemparer frapper à la porte de l’agent de la compagnie : un mois après, il est novice. M. Steinmetz, — c’est le nom du nouveau disciple d’Ignace, — passe un an à Hodder dans la plus ardente dévotion et dans la joie spirituelle la plus pure ; puis, un beau jour, il se promène à grands pas dans sa cellule, en sort brusquement, va trouver le supérieur, et lui déclare qu’il ne veut plus être jésuite. Le père lui donne une voiture, de l’argent pour le voyage, et voilà M. Steinmetz de retour à Londres. Quelque temps après, il est protestant, et écrit un livre contre la société de Jésus. Nous regrettons qu’il ne nous ait pas fait l’histoire de ce second noviciat ; elle eût peut-être jeté quelque jour sur celle du premier.

Que s’est-il passé entre ces deux conversions contraires ? Quel événement a ouvert les yeux du novice de Hodder ? On s’attend à d’intéressantes révélations. Écoutons son récit

« Six mois après mon arrivée, on envoya au noviciat un père ministre, ou

  1. London, — Smith, Elder and C°, 65, Cornhill. 1846.