faire le tour de ce groupe pour savoir précisément à quoi s’en tenir sur ce point important. Les membres, au lieu de s’entrelacer avec énergie, forment des angles multipliés, et n’expriment que très imparfaitement le sujet que M. Grass a choisi dans les Métamorphoses d’Ovide. Je ne voudrais pas conseiller aux statuaires, d’une façon absolue, de suivre littéralement les programmes qu’ils empruntent aux poètes ; mais ici, je dois le dire, en suivant fidèlement les indications données par Ovide, M. Grass eût été sûr de ne pas se tromper et de satisfaire pleinement à toutes les conditions de son art. « Phédime et Tantale, après avoir terminé leur course, exerçaient à la lutte leur force et leur adresse. Déjà leurs poitrines se touchent fortement pressées. Un même trait les atteint, les perce l’un et l’autre ; ensemble ils gémissent, ensemble ils tombent, leurs corps sont encore entrelacés ; ils ferment ensemble les yeux, et descendent ensemble chez les morts. » Il est clair que, dans la pensée du poète, Phédime et Tantale, au moment de leur mort, formaient ensemble un groupe de lutteurs. Or, tel n’est pas le groupe de M. Grass. Dans sa composition, un des deux personnages semble tomber sur l’autre et le saisir pour se soutenir. A parler franchement, l’action si nettement exprimée par le poète est rendue confusément par le statuaire. Sans conseiller à M. Grass, ce qu’il ne faut conseiller à personne, l’imitation servile des monumens de l’art antique, il est permis de lui rappeler qu’il avait dans le groupe des lutteurs de la tribune de Florence un modèle dont il pouvait heureusement profiter. Si de ces considérations générales nous descendons à l’étude spéciale des différens morceaux, nous pourrons justement critiquer le caractère des têtes, qui manquent d’élégance. Sans sortir de Paris, il est pourtant facile de voir ce que l’art antique avait su faire des fils de Niobé. M. Grass aurait grand tort de copier ces précieux ouvrages ; mais il peut les consulter et s’en inspirer sans avoir à redouter le reproche de plagiat. Croire qu’il suffit de consulter la nature est une erreur profonde que nous combattrons en toute occasion. Négliger les enseignemens de l’art antique, c’est renoncer follement à l’une des ressources les plus puissantes qui appartiennent à la statuaire. En s’aidant de cette ressource, la véritable originalité ne court aucun danger. L’élégance et la beauté du langage n’ont jamais altéré la personnalité de la pensée.
La statue de Senefelder, de M. Maindron, se recommande à l’attention par la simplicité de la pose et par le soin studieux avec lequel l’auteur a exécuté les différentes parties de cet ouvrage. On sait que Senefelder est l’inventeur de la lithographie. M. Maindron a eu raison de nous représenter son modèle avec le costume moderne. Je crois, toutefois, qu’il aurait pu, qu’il aurait dû interpréter ce costume tout en le respectant. La redingote, le gilet et le pantalon que nous portons n’ont rien de sculptural. Pour les traduire en bronze, en marbre ou en pierre, il faut