mesurée. Nous avons fait des sacrifices récens pour étendre avec le céleste empire notre commerce, encore faible et restreint. Faut-il les poursuivre ou les abandonner ? La France avait songé à mettre le pied sur l’île de Basilan, voisine de Soulou, des Philippines, des Moluques et de Borneo, et qui possède une baie excellente. Faut-il renoncer à toute occupation pareille ?
Je n’hésite point à le dire : en présence des circonstances actuelles, il est à regretter que nous n’ayons pas un pied-à-terre dans ces régions. Repoussez les entreprises chimériques, abandonnez le rêve du vaste domaine colonial si misérablement sacrifié par le gouvernement de Louis XV, l’intérêt actuel de la France en impose la loi ; mais il ne s’agit point d’une large conquête à entreprendre. On pourrait, comme on en a déjà eu la pensée, s’emparer d’une île indépendante, ou bien chercher à obtenir par un traité avec un pouvoir indigène une concession territoriale. Ce que nous désirons, ce n’est ni un empire ni une province ; c’est une position bien choisie, peu étendue, facile à défendre et peu coûteuse. Voyez quels seraient les résultats d’une initiative intelligente : la France s’associant au mouvement de l’Europe dans l’archipel asiatique ; nos navires de commerce sûrs de trouver un port de refuge et un abri, engagés à visiter plus souvent des mers où notre pavillon se montre si peu ; la navigation de long cours et la marine marchande pouvant recevoir par là une impulsion dont elles ont grand besoin : de tels intérêts méritent bien sans doute d’être recommandés à l’attention sérieuse du pays et du gouvernement.
A. AUDIGANNE.