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et d’une entière adhésion aux vues de son collègue ; on est depuis trop long-temps fait à ses jongleries pour ne pas voir ce qu’elles cachent de haine et de désir de vengeance.

Tandis que cette comédie se joue sur la scène officielle du Mexique, les agitations de Sonora continuent, la Californie se détache du faisceau des états mexicains, et le Yucatan brise tout-à-fait les liens qui le rattachaient à la république. On parle d’une lettre écrite par les principaux négocians yucatèques au congrès de Washington, par laquelle ils réclameraient pour eux les bénéfices de la protection que la république du nord accordait au Texas avant l’annexion. Ainsi les choses se préparent dans ce pays à suivre leur cours inévitable : les prétentions de la race anglo-américaine sont chaque jour justifiées par les faits ; et, si l’Europe accueille les ouvertures qui lui arriveront bientôt de Mexico pour la fondation d’une dynastie, elle se trouvera avant peu en lutte directe avec l’Union républicaine, qui aspire, sans craindre de l’avouer, à la domination du vaste continent ouvert devant elle. Une lutte d’influence et de principes s’organisera bientôt au-delà des mers.


V. DE MARS.




REVUE LITTERAIRE.


Des Changemens dans le Climat de la France, histoire de ses révolutions météorologiques, par le docteur Fuster[1]. — Depuis quelque temps, des discussions assez vives se sont élevées entre les agronomes et les météorologistes au sujet de l’ancien climat de la France, les uns soutenant qu’il était, du temps de César, à peu près tel qu’il est aujourd’hui, les autres prétendant qu’il a subi et subit chaque jour de nombreuses variations. Les argumens que l’on pouvait emprunter à la science étant complètement insuffisans, quelques personnes se sont figuré que l’on pourrait être plus heureux en ayant recours aux documens historiques. Pourtant, en y réfléchissant un peu, elles auraient pu s’apercevoir tout de suite à quel point elles se faisaient illusion. La météorologie en effet est une science de création récente, et les instrumens dont elle peut disposer sont assez imparfaits pour que des observations faites aujourd’hui d’une manière suivie par des hommes instruits et intelligens laissent encore beaucoup à désirer. Comment alors espérer obtenir des résultats d’une précision satisfaisante, lorsqu’une période d’environ dix-huit siècles, pendant laquelle il n’y eut ni science ni instrumens, fournit à peine quelques vagues témoignages donnés par des écrivains en général fort ignorans ? Il y a en outre deux remarques importantes à faire pour les temps antérieurs au moyen-âge. D’abord les auteurs de l’antiquité que l’on doit consulter étaient presque tous originaires de l’Orient ou du midi de l’Europe. Ainsi Strabon était né en Cappadoce, Diodore en Sicile, Lucien à Samosate, Ammien Marcellin à Antioche. On ne saurait donc se fier au jugement qu’ils ont porté sur le climat de la Gaule, que bien peu d’entre eux connaissaient

  1. Paris, Capelle, 1845, in-8o.