et de l’intelligible ; nous traduisons Porphyre[1]. L’originalité de Plotin est d’avoir été mystique sans avoir été chrétien. Il montrait qu’on pouvait aller à Dieu par d’autres routes que les croyances de l’hébraïsme et de l’Évangile, et il mourut en prononçant cette parole « Qu’il s’efforçait de ramener ce qu’il y avait de divin en lui à ce qu’il y a de divin dans le grand tout. » Comme Platon, il avait inspiré à ses contemporains le respect de sa majesté morale, et dans l’école on l’appelait ό μέγας ; le grand. Porphyre se sentait glorieux du monument élevé par son maître ; aussi, tout orgueilleux de pouvoir montrer dans les Ennéades de Plotin un ensemble de vérités qu’il estimait bien supérieures aux doctrines de l’hébraïsme, il dirigea contre les chrétiens une polémique qui fut puissante, à en juger par les fureurs qu’elle souleva. Cette colère nous est attestée par un décret de Constantin, qui statue que, Porphyre ayant rendu son nom odieux par les livres qu’il a composés contre la religion chrétienne, Arius et ses successeurs seront appelés à l’avenir porphyriens, afin qu’ils soient déshonorés par le nom de celui dont ils ont imité l’impiété[2]. Les quinze livres de Porphyre contre le christianisme ne nous sont pas plus parvenus que l’ouvrage de Celse. Les chrétiens mirent un soin tout particulier à les détruire. Nous en connaissons à peine quelques traits par des témoignages d’Eusèbe et de saint Augustin. Ce dernier, dans la Cité de Dieu[3], se montre également irrité de l’hommage rendu par Porphyre aux vertus de Jésus-Christ, et de la censure qu’il adresse aux chrétiens. Voici la proposition de Porphyre : Jésus-Christ est un sage qui jouira de l’immortalité comme les autres justes, mais les chrétiens qui l’adorent comme un dieu sont le jouet de l’erreur : errore implicatos. Nous dirions volontiers que Porphyre fut le raisonneur de l’école qui l’avait appelé particulièrement le philosophe. Avec Jamblique, nommé le divin, ό θείος, nous entrons dans un autre ordre d’idées, dans les régions de la théurgie. Cette fois tous les degrés sont franchis, toutes les différences tombent, et la philosophie s’absorbe tout-à-fait dans la religion. A la science est substituée la théurgie, qui, par la vertu de certains rites, de certaines formules symboliques, fait entrer l’homme en commerce direct avec les dieux, qui enfin par la vraie prière réunit la lumière qui est en nous à la lumière divine. Ce sont les termes même de Proclus, qui sut, sans contredire Jamblique, rendre aux doctrines néoplatoniciennes un caractère plus scientifique. Proclus fut le conciliateur par excellence : nous trouvons associés dans son système et dans sa vie Platon et Aristote, la théologie chaldéenne et l’égyptianisme, les rites
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