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avec une escorte d’honneur ; puis, après leur avoir fait rendre tous leurs bagages et les avoir comblés de politesses, il les renvoie ainsi sans rançon au gouverneur-général. — Exigeant ensuite du Punchayet un engagement écrit de soumission passive et immédiate à tout arrangement qu’il pourra conclure avec le gouvernement de l’Inde, il fait demander à celui-ci la paix et le pardon. Ses messagers arrivent au camp de sir Henry Hardinge le 6 février, et dès ce moment la guerre semblait devoir être terminée ; mais, malgré l’effusion de sang qui peut en résulter, le gouverneur de l’Inde anglaise tient à donner le coup de grace à l’armée sikhe. Il ne veut rien entendre qui il ne l’ait complètement battue et humiliée. Il ne faut voir toutefois dans cette persistance ni hostilité ni défiance pour Goulab-Sing ; au contraire, l’intention du gouverneur-général est de lui rendre service. Il faut qu’il augmente et qu’il consolide l’autorité de ce chef en achevant la destruction d’un parti où celui-ci ne compte que des rivaux. A peine, en effet, a-t-il gagné la victoire de Sobraon, que sir Henry Hardinge se montre plein de bienveillance pour Goulab et de modération vis-à-vis du gouvernement dont il est le vizir plénipotentiaire. Les envoyés sikhs sont accueillis avec honneur ; le jour et le lieu sont désignés pour une entrevue entre les représentans des deux nations, et le 17 février Goulab-Sing est enfin reçu à Kussour, dans le camp anglais, plutôt comme un ancien ami que comme le mandataire d’une puissance qui a un pardon à implorer.

Dans un rapport adressé au comité secret de la cour des directeurs, sir Henry Hardinge a raconté cette entrevue ; il a fait connaître les négociations qui ont terminé la guerre et amené le traité dont nous avons indiqué les bases. Après avoir vu ses conditions acceptées par Goulab-Sing, le gouverneur-général s’est dirigé vers Lahore. A Lulleana, sur la route de cette capitale, il a reçu le jeune maharaja, accompagné de Goulab-Sing et des principaux chefs sikhs, parmi lesquels on remarquait, comme de coutume, Dina-Nath, Bhai-Ram-Sing et Fakir-Nour-Oud-Din. C’est avec lui qu’il s’est rendu à Lahore. Dans toutes ces entrevues a régné l’esprit le plus amical. « Les débris de l’armée sikhe, dit sir Henry Hardinge en terminant son rapport, après s’être retirés de Sobraon, se sont campés à Racham, à dix-huit milles est de Lahore. On évalue leur nombre de quatorze à vingt mille hommes, infanterie et cavalerie, avec trente-cinq canons. Le raja Goulab-Sing leur avait ordonné positivement de ne faire aucun mouvement. Les habitans de Lahore et d’Amritsir sont très effrayés de l’approche de notre armée sur la capitale ; ils craignent que ces villes ne soient pillées par les troupes. Peu après notre arrivée à Kanha-Cuchva, à seize milles environ de Lahore, nous entendîmes le bruit du canon pendant près d’une heure ; on a su que c’était une salve de sept coups de chaque canon sur