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imprimant certains mouvemens à des aimans placés dans des conditions particulières, il put produire des courans électriques et dégager des quantités considérables d’électricité. Cette découverte, plus importante encore peut-être par l’originalité des moyens employés que par les résultats obtenus, excita dès le principe l’attention de tous les savans, qui se hâtèrent de répéter et de varier les expériences du célèbre chimiste anglais. Parmi ceux qui ont suivi avec le plus de succès une telle voie, il faut nommer principalement MM. Nobili et Antinori en Italie, M. de Larive à Genève, et en France M. Peltier, esprit inventif et ingénieux, qui s’était formé tout seul, et qui a été enlevé dans la force de l’âge, avant d’avoir vu s’ouvrir pour lui les portes de cet Institut, objet de l’ambition de tous nos esprits distingués, et au sein duquel ses remarquables travaux le rendaient si digne d’être admis.

Nous aurons peut-être une autre fois l’occasion de revenir sur ce sujet, et de montrer combien il importerait d’étendre ces recherches et d’étudier généralement l’influence que le mouvement exerce, ainsi que le temps, sur la production de certains phénomènes physiques. La découverte de M. Faraday, dont nous venons de parler, et qui a donné naissance à ce chapitre de la physique dans lequel on traite du développement de l’électricité par induction, n’est certainement pas isolée ; elle doit se rattacher à un ordre de faits qu’il faudrait étudier dans leur ensemble, pour connaître en général les circonstances dans lesquelles un corps en mouvement produit, à distance, sur un autre corps, des actions qui n’auraient pas lieu, si les deux corps restaient en repos. Quant aux actions lentes, qui ne se manifestent qu’au bout d’un temps très long, et dont la nature nous offre de si nombreux exemples, elles ne sauraient être constatées que par une observation attentive et persévérante. Un ouvrage dans lequel un savant italien, le comte Paoli, a réuni un très grand nombre de faits curieux sur le mouvement intérieur des corps solides, pourrait servir de guide aux physiciens qui voudraient se vouer à ce genre de recherches. Si le progrès des lumières a permis à tout homme instruit d’avoir des notions, suffisantes sur la constitution de ces grands corps qui composent notre système planétaire, les gens du monde sont bien loin de s’être formé quelque idée de la constitution intime des petits corps que nous avons sans cesse sous les yeux. Rien, probablement, ne les étonnerait plus que d’entendre dire que ces corps, qui nous paraissent si inertes, que les murs de nos maisons, que les meubles dont nous nous servons, ne sont nullement en repos, et que les particules extrêmement tenues dont ces murs ou ces meubles se composent sont continuellement en oscillation, et forment une infinité de petits systèmes planétaires composés d’innombrables astres imperceptibles. Toujours en mouvement, sans que l’harmonie de l’équilibre moléculaire soit troublée, ces points matériels parcourent des routes aussi parfaitement réglées que les orbites de la terre et de la lune, mais dont la petitesse défie tous les microscopes. C’est, sur ces systèmes moléculaires, qu’il nous importerait tant de connaître et qu’il est si difficile d’étudier directement, que les influences lentes paraissent agir avec le plus d’efficacité.

Si nous nous bornions à dire, comme on l’a déjà fait, que par sa dernière découverte M. Faraday a montré qu’à l’aide d’un électro-aimant, le plan de polarisation d’un rayon de lumière peut être changé, nous aurions annoncé une chose qui n’apprendrait rien aux physiciens de profession, et qui resterait complètement