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a complètement trahi la pensée. Le choix des lignes et des tons détruit tout l’intérêt qui pouvait s’attacher à cette conception.

M. Papety ne justifie pas les espérances que le public avait conçues d’après ses débuts. Solon dictant ses lois, Consolatrix afflictorum, déplaisent généralement par l’étrangeté de la couleur, et ne rachètent pas ce défaut par l’élégance et la sévérité du dessin. Dans Solon dictant ses lois, aucune figure n’intéresse. La tête de Solon manque de noblesse ; la figure qui écrit sous sa dictée écoute mal, et le bras droit est dessiné avec mollesse. Quant à la Vierge consolatrice, j’ai peine à comprendre comment M. Papety, après un séjour de cinq ans en Italie, a pu commettre une pareille bévue. A quoi lui ont donc servi les fresques du Vatican et de la Farnesine ? Le ton violet qui domine dans cette composition singulière blesse les yeux les plus indulgens, et force à détourner la tête. Il faut une résolution énergique pour étudier les figures ; mais on a beau faire, et recommencer l’examen à plusieurs reprises, il est impossible de découvrir dans cette toile une qualité sérieuse. Le portrait de M. Vivenel n’est pas d’un aspect séduisant. Les mains et le visage semblent taillés dans le bois. Les plis du front, des joues, des phalanges, sont traités avec une dureté, une sécheresse que la chair vivante ne peut jamais avoir. Toutefois les étoffes et le fond révèlent une main habile. On sent que M. Papety, mieux conseillé, mieux dirigé, moins applaudi surtout, pourrait faire beaucoup mieux qu’il ne fait. Cependant nous devons lui dire qu’il a trop multiplié les détails d’architecture dans le fond de ce portrait. En peinture, il n’y a pas d’effet sans sacrifice ; tous ces détails si habilement traités diminuent l’importance de la tête. Nous souhaitons vivement que M. Papety, éclairé par l’échec de cette année, s’engage dans une meilleure voie, et mette plus de goût et d’élégance dans ses prochaines compositions.

S’il fallait juger l’école de Dusseldorf d’après l’Ecce homo de M. Schadow, la conclusion serait sévère. Nous ne voulons pas déterminer la valeur de toute une école sans autre renseignement que cette toile. Nous nous bornons à dire que l’Ecce homo de M. Schadow est d’une médiocrité incontestable ; c’est une figure de carton frottée d’ocre, dessinée avec un sans-façon qui ne serait pas admis chez un débutant, et que je ne puis guère comprendre dans un maître, car à Dusseldorf M. Schadow est une autorité. Nous aimons à penser qu’il justifie sa renommée par des œuvres supérieures à son Ecce homo. Il y a dans le fond de ce tableau un jet d’eau qui sans doute doit avoir un sens symbolique. Je déclare humblement n’avoir pas réussi à saisir la clé de ce mystère. La tête est sans expression, la poitrine n’est pas modelée ; il est donc impossible de ne pas proclamer la médiocrité absolue de cet Ecce homo.

Une Fête bourgeoise au dix-septième siècle, de M. H. Leys, d’Anvers, est une œuvre laborieuse et sans charme. L’exécution est lourde, pénible,