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des qualités supérieures qui font l’homme libre et propre à se gouverner lui-même. Ces populations de race pour lui naturellement servile étaient les Scythes et les Celtes, c’est-à-dire les ancêtres des nations aujourd’hui les plus cultivées. Le temps a cassé l’arrêt du précepteur d’Alexandre, et déjà le temps casse l’arrêt de ceux qui ont frappé d’autres races d’une incapacité absolue.


IX. — CONCLUSION.

Une matière douée d’une force spéciale, la vie ; ayant la faculté de se nourrir, de se reproduire et de sentir ; se nourrissant par un mécanisme identique dans toute la série des êtres animés, c’est-à-dire par une cellule capable d’absorber, de modifier et de rejeter certains élémens ; se reproduisant, dans toute la série aussi, d’une manière analogue, par la scission du jeune d’avec le parent ; jouissant, chez les animaux exclusivement, de la sensibilité et de la locomotion à l’aide de deux tissus, la fibre nerveuse et la fibre musculaire ; se déployant en une succession de combinaisons depuis la plante jusqu’à l’homme ; soumise, dans cette longue chaîne, à des conditions de structure qui lient le végétal à l’animal, et l’animal inférieur au supérieur ; allant dans l’échelle de la vie depuis l’organisation la plus obscure et la plus simple jusqu’à la plus complexe, et dans l’échelle des âges depuis l’ovule, où tout est indistinct, jusqu’à l’adulte le plus complet, jusqu’à la vieillesse et à la mort ; n’agissant que conformément aux lois qui résultent de la nature de la force vitale et de celle des élémens intégrans ; produisant des actes d’autant plus nombreux et plus étendus que l’organisme est plus compliqué ; en revanche, sujette, en raison même de cette complication, à d’autant plus de dérangemens et de maladies ; modifiable dans des limites très étendues à cause des composés multiples qu’elle emploie ; portant l’empreinte des climats, de l’air ; de l’eau, du sol, de l’élévation au-dessus des mers, et l’on pourrait dire, si on avait le moyen d’étendre la comparaison jusqu’aux autres corps célestes, de la planète même : tel est l’ensemble, telle est la vue générale de la biologie.

Toute science a sous elle des arts qui en dépendent et qui ne peuvent se passer de ses lumières. De la biologie relèvent, en premier lieu, la médecine ; en second lieu, l’art vétérinaire, qui, bien cultivé, doit être d’un si grand secours à la médecine, à cause de la facilité d’expérimenter ; en troisième lieu, l’agriculture, l’élève des bestiaux, l’art du forestier, la culture des jardins, lui empruntent des notions essentielles. De plus, ainsi que M. Comte l’a démontré, la biologie est à la science sociale ce que la chimie est à la biologie elle-même : elle fournit les bases et les conditions. J’ai moi-même fait ressortir çà et là, dans le courant de ce travail, quelques points essentiels par où elles sont dépendantes