des lords cédera le jour où la résistance deviendrait dangereuse et préjudiciable au repos de la société.
En France, vous êtes trop disposés à regarder la chambre des lords comme n’étant composée que de vieillards qui prennent pour sagesse et prudence la servilité et un entêtement aveugle. Après tout, notre chambre haute diffère très peu de la chambre des communes ; il y a entre elles seulement cette différence, que l’élément aristocratique domine plus dans l’une que dans l’autre. Des deux côtés, ce sont les mêmes sentimens, les mêmes intérêts. Les considérations qui ont touché la plus grande partie de l’élément aristocratique de la chambre des communes exerceront le même empire sur la majorité de la chambre haute. Pourquoi douter que l’opinion publique, qui a triomphé des répugnances des grands seigneurs et des propriétaires dont l’élection dépend de l’intérêt agricole, soit moins puissante auprès des propriétaires et des grands seigneurs qui n’ont à répondre de leur vote qu’à leur conscience ? Il ne faut pas non plus perdre de vue qu’au moins les neuf dixièmes des pairs ont fait dans la chambre des communes l’apprentissage de la vie politique. C’est assurément une des plus sages et des plus utiles provisions de notre constitution, que celle qui permet au fils aîné d’un pair d’entrer dans la chambre des communes par la voie de l’élection. Dans cette assemblée, où l’élément démocratique exerce tant d’empire, il est mis de bonne heure en contact avec l’opinion populaire, et l’orgueil de la naissance apprend à reconnaître que la confiance des électeurs, le talent, ont une valeur tout aussi réelle, aussi importante, que les privilèges et les honneurs dont il héritera un jour. La chambre des communes est ainsi comme une école préparatoire de la pairie. Dans son sein, la jeune aristocratie se familiarise avec des sentimens, des besoins, que dans toutes autres circonstances elle eût ignorés, méconnus, dédaignés ; elle acquiert par expérience la conviction qu’il faut en tenir compte. Voilà ce qui me persuade que les répugnances de la chambre des lords ne doivent inspirer aucune inquiétude sérieuse. Elle se débattra sans doute très vivement, obstinément, mais elle courbera la tête et s’inclinera devant la majorité de la chambre des communes. Les 97 voix de majorité que sir Robert Peel a obtenues à la première lecture lui montrent que toute résistance serait inutile. Une fois sorti vainqueur de la lutte, que fera sir Robert Peel ? Je ne me flatte pas, monsieur, de vous éclairer sur ce point. Il est évident, et lui-même l’a confessé il y a peu de jours, qu’il ne peut pas songer à rester à la tête du gouvernement. Tout le monde sait qu’il ne dispose que de 112 voix dans la chambre des communes, et qu’est-ce qu’une aussi faible fraction dans une assemblée composée de 659 membres ? Il est aisé de prévoir qu’il cherchera, par tous les moyens possibles, à ramener à lui son ancienne majorité. C’est ce qu’il vient d’essayer, et il y a réussi sur la question de l’Irlande. Ses avances,