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UNE


SAISON POLITIQUE


EN ANGLETERRE.




SIR ROBERT PEEL. - LORD JOHN RUSSELL. - LORD PALMERSTON.[1]




Londres, 8 avril 1846.

Tout ce qui se passe de ce côté-ci du détroit a une si énorme influence sur votre propre situation politique, qu’il n’est pas surprenant que vous vous préoccupiez très vivement en France des étranges événemens qui depuis six mois remplissent l’Angleterre. Cédant à une curiosité bien naturelle, vous avez cru qu’il était aisé d’en pénétrer le sens. A peine a-t-on connu en France la retraite de sir Robert Peel qu’avec une ingénuité qui fait honneur à votre caractère national, on s’est livré en toute confiance à une foule de suppositions sur la cause de cette brusque révolution ministérielle. On a fait des raisonnemens sans fin sur la situation des partis, sur les combinaisons possibles, et les déductions en paraissaient si justes, si satisfaisantes, que l’on n’a pas songé un moment que la rigueur et l’exactitude pouvaient en être démenties par les faits.

  1. Ce travail, que nous recevons de Londres, écrit au point de vue anglais, s’éloigne, sous bien des rapports, de l’opinion souvent émise ici par d’honorables écrivains sur sir Robert Peel et les hommes politiques de l’Angleterre ; mais, pour cette raison même, nous avons cru devoir l’admettre, comme l’expression fidèle du jugement qu’on porte dans le monde politique anglais sur le chef du cabinet actuel.