Sous ces bois primitifs que le vent seul ravage,
Je sens éclore à chaque ombrage
Un vers franc imprégné d’une senteur sauvage.
Devant mon regard enchanté,
Jeunes filles, enfans empourprés de santé,
Passent dans leur virginité.
J’aide dans les sillons le soc opiniâtre ;
Pasteur, je chante avec le pâtre ;
La fileuse m’endort, le soir, au coin de l’âtre.
Puis, dès l’aube, je vois les jeux
De l’oiseau qui sautille entre les pieds des bœufs
Et près des sources pond ses œufs.
Ô chère solitude ! — Et pourtant, je le jure,
Arts élégans, bronze, peinture,
Je vous aime, rivaux de cette âpre nature !
Me préservent les justes dieux
De vous nier jamais, symboles radieux,
Charmes de l’esprit et des yeux !
Et si, vivant d’oubli dans cette humble Cornouaille,
J’entends vos clameurs de bataille,
Saints martyrs de Pologne ou d’Eir-Inn, je tressaille !