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Mais, le dimanche, il chôme enfin

Et chante à l’office divin.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Que Dieu, dans son noir atelier,
Dieu bénisse cet ouvrier !

Le jour, la nuit, son marteau frappe !

Toujours sur l’enclume il refrappe !


III.


LE VILLAGE DE MARIE


Quand près de vos maisons je passe tout rêveur,
Bonnes gens du Moustoir, n’ayez point de frayeur,
Je suis un amoureux, et non pas un voleur.

C’est ici, dans cette bruyère,

Qu’enfant, je poursuivais naguère

Une enfant comme moi légère.


Où nous courions tous deux, seul je viens, ô douleur !
Bonnes gens du Moustoir, n’ayez point de frayeur,
Je suis un amoureux, et non pas un voleur.

Sa coiffe flottante autour d’elle,

On eût dit une tourterelle

Qui vient de déployer son aile.


Hélas ! l’oiseau sauvage a trouvé l’oiseleur !
Bonnes gens du Moustoir, n’ayez point de frayeur,
Je suis un amoureux, et non pas un voleur.

Et le dimanche, au bourg, plus d’une

Disait, jalouse : « Cette brune

Sera la fleur de la commune ! »


Ô brune enfant qu’un autre aspira dans sa fleur !
Bonnes gens du Moustoir, n’ayez point de frayeur,
Je suis un amoureux, et non pas un voleur.