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sixième d’atmosphère ; elle ne dépassait jamais un tiers ou 25 centimètres de hauteur de mercure. Avec les chaudières tubulaires, la plus faible pression dont on fasse usage, celle que dans les premiers temps l’amirauté anglaise avait adoptée, est d’une demi-atmosphère ; sur les bâtimens de commerce, elle s’élève sensiblement au-delà d’une atmosphère. C’est à l’emploi du système tubulaire que les meilleurs marcheurs de l’Angleterre, comme le Prince de Galles, le Météore, le Saphir, la Princesse Alice, doivent leur réputation, ce système ayant permis d’augmenter considérablement la détente et par suite la puissance des machines à égalité de poids des appareils et de dépense du combustible. Ainsi le Prince de Galles, avec d’anciennes chaudières à bouilleurs et une tension de 30 centimètres de mercure, obtenait une vitesse de 12 à 13 nœuds ; aujourd’hui qu’il a des appareils tubulaires où la tension est de 80 centimètres et que la détente a été portée à la moitié de la course, le nombre des révolutions de roues s’est élevé de 27 à 33, et l’augmentation de sillage a été de plus de deux nœuds.

L’emploi du propulseur à hélice est un incident bien plus fécond encore dans l’histoire de la vapeur. L’un des plus graves empêchemens que rencontrât l’application des moteurs à feu à un service de guerre était la situation essentiellement vulnérable de l’appareil. Non-seulement les roues extérieures, mais la machine elle-même, se trouvaient exposées aux ravages du canon ennemi, et un seul boulet aurait pu, en frappant le bâtiment d’immobilité, le laisser à la merci de son adversaire. L’hélice a changé cette situation : complètement immergée, elle échappe à l’action des projectiles et maintient son énergie dans les mers les plus agitées. Quelques inconvéniens de détail sont encore attachés à l’emploi de la vis ; mais chaque jour ils tendent à disparaître, et avant peu elle aura donné la mesure des services qu’elle peut rendre. Supérieurs aux navires à roues pour les qualités de la mer et l’économie du combustible, les bâtimens à hélice n’obtiennent pas encore les mêmes vitesses dans les eaux calmes. Il résulte néanmoins d’un savant mémoire de M. Bourgois, enseigne de vaisseau, que les avantages reconnus aux propulseurs sous-marins tiennent essentiellement à leur nature et à la position qu’ils occupent, tandis que leur infériorité actuelle ne dépend que de leurs formes, déjà bien des fois modifiées, sans que l’on ait mis dans ces expériences toute l’exactitude désirable. Parmi les divers systèmes successivement essayés, il n’en est aucun qui ait donné des résultats complets, et peut-être faudrait-il emprunter à chacun d’eux quelque détail pour arriver à une perfection relative, Ainsi M. Bourgois estime que le système