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FRANZ COPPOLA.




L’Italie est un cygne, elle meurt en chantant.



Musique italienne et musique allemande,
C’est une question qui ne finit jamais ;
L’un proclame l’orchestre et l’autre le gourmande ;
Celui-ci n’a de goût que pour les grands effets,
Les modulations, les clairons et leur bande ;
Celui-là veut un air sentimental et frais.

Vous aimez Bellini, je suppose, madame ?
Et certes, volontiers, je conviens avec vous
Que c’est un enchanteur dont la voix porte à l’ame,
Un maestro divin, et que, si j’étais femme,
Ce cygne élégiaque, harmonieux et doux,
Je le préférerais à Mozart comme à tous.

Il avait des accens de tendresse divine,
De suaves langueurs d’un délire infini ;
C’était le chant d’Orphée au fond de sa poitrine,
Une amoureuse voix soupirant son ennui.
Un poète a parlé des larmes de Racine ;
Ne chantera-t-on pas les pleurs de Bellini ?