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L'ALLEMAGNE


DU PRESENT




AU PRINCE DE METTERNICH.




STUTTGART.

A Tubingue, c’était la vie en marche avec son cortége de passions et d’espérances. A Stuttgart, tout me sembla d’abord plus rassis, ainsi qu’il convient dans une honnête résidence allemande où le prince habite et où la bureaucratie règne. La ville elle-même, avec ses grandes rues droites et uniformes, avec ses vastes casernes, avec les longues et monotones allées de son parc, la ville, propre et rangée comme elle est, représente assez au naturel les ennuis et les mérites de ce règne silencieux de la bureaucratie germanique. L’esprit administratif est une des traditions les plus directes que l’Allemagne d’aujourd’hui tienne encore de notre gouvernement impérial ; mais, tandis que cet esprit s’est nécessairement adouci chez nous pour se plier au jeu des institutions libres, il s’est modifié chez nos voisins d’une manière moins heureuse en empruntant les habitudes mécaniques de la discipline militaire. On a toujours aimé à jouer au soldat de l’autre côté du Rhin ; nous apportions là le goût de l’ordre et de la règle, c’est devenu presque tout de suite le goût de la manœuvre et de