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cordages contractiles ; les cestes, en forme d’épais ruban tout uni, de plusieurs pieds de long, de plus de trois pouces de large, et qui portent le nom poétique de ceinture de Vénus. A ne tenir compte que des formes extérieures, les membres de cette grande famille des béroïdes n’ont pour ainsi dire d’autre caractère commun que la forme et le mode d’action des organes du mouvement. Ceux-ci consistent en de très petites palettes frangées, couchées les unes sur les autres, et disposées en séries sur divers points du corps. Ces palettes, presque microscopiques, sont continuellement en vibration, battent sans cesse le liquidé où flotte l’animal, et, malgré leur petitesse, meuvent très bien, grace à la multiplicité des impulsions, ces corps d’une dimension souvent assez considérable.

Malgré cette diversité si grande dans les formes extérieures, les béroïdes présentent dans leur organisation une uniformité remarquable. Les cavités internes sont plus ou moins allongées, les canaux circulatoires plus ou moins ramifiés, mais partout se retrouvent les mêmes dispositions organiques. Cestes ou cydippes, tous ces genres, en apparence si éloignés, semblent sortis du même moule, lorsque l’on ne tient compte que des caractères anatomiques, et ces derniers sont très remarquables : ils rapprochent les béroïdes des méduses, et les éloignent entièrement des mollusques acéphales, parmi lesquels certains auteurs modernes avaient voulu les placer, à côté de l’huître et des autres coquillages voisins. Un seul fait justifiera ce que nous avançons ici. Dans les mollusques acéphales, le tube alimentaire présente deux ouvertures, dont l’une sert à l’entrée des alimens, l’autre à la sortie des résidus de la digestion, tandis que chez les béroïdes comme chez les mollusques il n’existe qu’une seule ouverture, alternativement employée à ces deux usages.

Un des résultats les plus importans des recherches de M. Edwards sur les béroïdes a été de faire connaître leur système nerveux. L’existence ou l’absence de cet appareil chez les animaux inférieurs a été de tout temps vivement débattue. Quelques-uns des plus illustres naturalistes le leur refusent entièrement. Cuvier, qui, sans être aussi absolu, partageait leur manière de voir, se laissa guider surtout par cette considération, en établissant son quatrième embranchement du règne animal, celui des rayonnés. De nos jours, au contraire, les admirables découvertes de M. Ehrenberg ont fait revenir sur ces arrêts évidemment prématurés ; et peut-être, par une réaction trop vive, a-t-on quelquefois admis un peu par théorie ce qui n’existait pas en réalité. La gravité de la question, l’autorité des hommes illustres qui