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L'ALLEMAGNE


DU PRESENT.




A M. LE PRINCE DE METTERNICH.




L’esprit de lutte possède le monde : tout le génie des politiques ne saurait l’en défendre, puisque vous-même, prince, vous avez échoué. Dieu donc vous rende la paix, car les hommes n’en veulent plus. La France, un peu vite fatiguée, s’était endormie ; voici que l’Allemagne s’éveille ; vous ne gagnerez point au change ; elle s’éveille tout de bon. Voyageur ignoré, j’ai recueilli sur mon chemin les premiers bruits de cette vie nouvelle ; je vous la dénonce. Ne vous y trompez pas, ce ne sont plus des écoliers ou des rêveurs qui vous déclarent la guerre ; vous avez eu trop beau jeu de ces poétiques complots dont vous faisiez semblant d’avoir peur. Il n’y a plus de ces honnêtes Teutons qui méditaient la mort des rois et la ruine des trônes pour restaurer les splendeurs primitives du saint-empire germanique. On ne conspire plus dans les universités, au fond des cabarets à bière, au bruit du choc des verres et du cliquetis des épées ; on conspire au grand jour,