Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DE LA CRITIQUE


PHILOSOPHIQUE.




I. Mélanges Philosophiques et Religieux, par M. Bordas-Demoulin.[1]

II. Les Évangiles, Traduction nouvelle avec des notes et des réflexions,

par M. F. Lamennais.[2]




La critique philosophique a été fondée par Aristote. À la puissance de l’invention métaphysique, le maître d’Alexandre joignait un jugement non moins étendu que sûr : aussi a-t-il laissé en toute matière des principes, des règles et des décisions qu’il faut encore aujourd’hui accepter ou contredire, mais dont il est impossible de ne pas tenir compte. Leibnitz, il y a deux siècles, restaura la critique philosophique ; Descartes n’en eut pas le loisir : il se jeta rapidement dans le dogmatisme, après avoir critiqué la science officielle de son époque dans quelques pages d’une immortelle ironie. Pendant que Leibnitz faisait de l’histoire et de l’érudition comme des auxiliaires de sa propre métaphysique, Bayle dressait le plus piquant inventaire des opinions humaines, dans l’unique dessein de former des doutes. À ses yeux, la plus grande des erreurs était la certitude. Dans sa laborieuse vie, Bayle n’oublia jamais l’entraînement qui, vers l’âge de vingt ans, l’avait poussé à quitter la foi protestante de ses pères pour embrasser la religion catholique,

  1. Un vol. in-8, librairie de Ladrange, quai des Augustins.
  2. Un vol. in-18, librairie de Pagnerre, rue de Seine.