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librement admis près de Govind-Rao, puis il le quitta pour remettre au gouvernement un papier qui contenait, comme on le devine, la confession sincère, l’aveu complet de toutes les fautes reprochées au prisonnier d’état. On le mit en liberté, sur cette déclaration, dix jours après que Pertaub-Sing avait été détrôné ; mais, quand on l’interrogea sur cette conspiration dont il pouvait désormais parler sans rien craindre ni pour lui, ni pour le prince expulsé, il éclata de rire. Chose singulière, il avait gardé le silence dans sa prison de Sattara et dans celle de Poonah ; c’est dans le donjon d’Ahmed-Nugger, où il n’était plus seul, qu’il avait écrit cette confession, dont il riait lui-même une fois délivré. Ce n’est pas tout. En juillet 1845, Govind-Rao a adressé à la cour des directeurs une pétition, signée de sa propre main, par laquelle il nie avoir jamais écrit la première ; de cette conspiration, jamais il n’en a entendu parler, et il déclare que l’idée fixe du gouvernement de Bombay a été « de causer la ruine de son maître à tout prix, determined on the ruin of my master, at all events.

Il y aurait peut-être encore un moyen de justifier la conduite des autorités britanniques. Si de faux témoins s’étaient levés effrontément pour calomnier le raja Pertaub-Sing, le lieutenant-colonel Ovans et le gouvernement de Bombay avec lui pouvaient se laisser tromper par des rapports mensongers. Cette supposition une fois admise, au lieu d’avoir tenu une conduite inqualifiable, le résident eût joué simplement le rôle d’une dupe malveillante. Mais pourquoi celui-ci a-t-il emprisonné des serviteurs du raja sans l’en avertir ? pourquoi n’a-t-on pas admis la défense de l’accusé ? pourquoi lui a-t-on toujours refusé la communication des pièces du procès ? pourquoi l’a-t-on lui-même tenu au secret dans son palais, sans lui donner avis des conspirations ourdies contre sa personne, à mesure qu’on découvrait quelque trame de cette mystérieuse intrigue ? pourquoi M. Ovans, pleinement convaincu de la fausseté de la pétition attribuée à Govind-Rao, a-t-il attendu onze mois pour dénoncer cette intrigue à son gouvernement ? N’est-ce pas d’ailleurs sur ces dénonciations frauduleuses qu’il a obtenu des autorités supérieures de pleins pouvoirs pour incarcérer les personnes accusées ? Qui donc régnait véritablement à Sattara, du roi, confiné dans son palais, entouré d’espions, de parjures, privé de ses amis, menacé par le procès formidable dans lequel on recevait des dénonciations de toutes mains, ou du résident, qui communiquait seul avec le gouvernement de Bombay, écoutait les délations, et s’interposait avec une autorité absolue entre l’accusation et la défense ?

On connaît maintenant les charges qui s’élèvent contre le résident Ovans ; le parlement n’a pas employé moins de quatre volumes in-folio au complet développement de cette affaire. Quant aux intrigues que le raja est censé avoir entretenues avec le gouverneur de Goa, don Manoel, celui-ci a affirmé n’en rien connaître. Un membre du parlement, M. Joseph Humes, lui ayant demandé des explications sur ce sujet, a reçu une lettre catégorique dans laquelle on lit ces mots - « Au nom de la justice et pour mon honneur, je me fais un devoir de déclarer que, durant tout le temps que j’ai