Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/1114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA CONJURATION


DU PANSLAVISME


ET


L'INSURRECTION POLONAISE.




Tout le monde se demande avec angoisse où en est l’insurrection de Pologne. Si l’on en croyait les dernières nouvelles, le mouvement se serait arrêté : l’Autriche aurait, par d’habiles manœuvres, excité de longue main la défiance des paysans envers les nobles, et, en allumant dans le cœur des serfs d’horribles désirs de vengeance contre leurs seigneurs, elle serait arrivée à maîtriser ainsi l’explosion du sentiment national. Il importe de rechercher les causes d’un fait aussi inattendu, qui, au premier coup d’œil, se présente comme un lugubre arrêt de mort de la nationalité polonaise, mais qui, mieux examiné, prouve au contraire l’impuissance où sont désormais l’Autriche et la Russie de se maintenir long-temps dans leur état actuel.

L’Europe n’a que des idées très superficielles, souvent fausses, sur les divers peuples de race slave. On s’imagine généralement que ces nations sont des masses inertes, conduites de temps immémorial par une aristocratie héréditaire : il n’en est rien. Le génie slave est essentiellement démocratique ; il l’a été plus ou moins dans tous les temps.