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Il y a long-temps que les États-Unis occupent dans notre commerce spécial le premier rang. Ils l’avaient perdu quant à nos exportations depuis le changement de tarif de 1842 ; ils l’ont repris en 1844, et il est à croire qu’ils le conserveront long-temps, à moins que la grande réforme commerciale qui se prépare en Angleterre ne vienne accroître d’une manière sensible nos relations avec ce dernier pays.

Ce qui s’est passé dans ces dernières années entre les États-Unis et la France ne laisse pas de porter avec soi quelques enseignemens. Par l’élévation de leurs tarifs en 1842, les États-Unis avaient tout à coup mis des entraves à l’exportation de nos marchandises, et particulièrement de nos soieries, à tel point que le chiffre avait considérablement baissé pendant deux ans ; mais la France ayant continué de son côté à recevoir les marchandises des États-Unis sur le même pied qu’auparavant, et le besoin qu’elle avait de ces marchandises, particulièrement des cotons bruts, n’ayant pas permis que l’importation en diminuât d’une manière sensible, l’exportation des marchandises françaises a repris peu à peu, et par la seule force des choses, son ancien cours. Si la France, suivant les conseils d’une politique étroite et fausse, avait agi en 1842 par représailles, c’en était fait peut-être de ces précieuses relations.

Ce n’est pas une circonstance indigne de remarque que la Belgique, qui ne renferme guère plus de 4 millions d’ames, occupé par rapport à nos importations le 2e rang, avant l’Angleterre, dont le commerce et l’industrie sont bien autrement considérables ; et qui est presque aussi voisine. Il est vrai que, par rapport à nos exportations, la Belgique n’occupe plus que le 7e rang. Pourquoi cette différence ? Ce n’est pas là, comme quelques hommes le pensent, une raison de se plaindre de nos relations avec ce pays ; cependant c’est un fait à signaler et dont il serait intéressant de rechercher la cause. Une circonstance encore plus digne d’attention, et que nous sommes étonné de ne pas voir prendre en plus sérieuse considération par le gouvernement ou par les chambres, c’est l’extrême exiguïté de notre commerce avec les états du nord de l’Europe qui se groupent autour de la mer baltique la Norvège, la Suède, la Russie du nord et le Danemark. La Norvège ne figure dans nos importations qu’au 16e rang, et pour une valeur totale de 13 millions 700,000 fr. la Suède au 27e rang, après Haïti, après les villes anséatiques, après le Mexique et le Texas, et seulement pour une valeur de 5 millions 700,000 francs. Quant au Danemark, il compte à peine, relégué qu’il est au 38e rang, après les États-Romains, Lucques et Monaco, avec un chiffre total de 1 million 700,000 francs. Pour la Russie même, si l’on distinguait la région du nord, où le commerce