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dehors, et les chevaux, mules, mulets et bestiaux, qui, réunis ensemble, n’occupent encore que le 12e rang dans nos exportations ; car, pour les eaux-de-vie de vin, nous avons déjà dit qu’elles sont classées à tort parmi les produits naturels.

L’industrie des soieries occupe toujours le premier rang parmi celles qui alimentent nos exportations, mais elle paraît tendre à le perdre, si l’on en juge par les résultats comparatifs des six années qui se terminent en 1844, et l’industrie des cotonnades, aussi bien que celle des lainages, s’apprête visiblement à le lui disputer. On en jugera par le tableau suivant :

COMMERCE SPECIAL – EXPORTATIONS
Valeurs en millions


Années Tissus de soie Tissus de coton Tissus de laine
1839 140.8 85.8 60.6
1840 141.9 108.5 61.1
1841 162.1 104.7 64.6
1842 112.1 74.3 63.8
1843 129.6 82.1 79.6
1844 143.7 108.5 104.0

On ne saurait dire que l’industrie des soieries ait décliné durant cette période, car la décroissance subite qu’elle a éprouvée en 1842, et dont elle s’est à peine relevée depuis lors, est due à une circonstance particulière, l’exhaussement du tarif des États-Unis ; mais elle ne s’est point agrandie en proportion de l’accroissement général de la richesse et de l’extension qu’a prise la consommation des soieries chez tous les peuples commerçans. Il s’en faut de beaucoup qu’elle ait suivi le progrès des industries rivales à l’étranger, et particulièrement de l’industrie anglaise. Et pourtant elle trouve sur notre propre sol la plus grande partie de la matière première qu’elle met en œuvre, avantage que ses rivales n’ont point. C’est que, dans l’état présent des choses, sous l’empire de ce système soi-disant protecteur, qui élève d’une manière artificielle la valeur vénale de tous les produits du sol, ce qui devrait être un avantage pour l’industrie devient, au contraire, une cause d’infériorité. Qu’importe qu’elle trouve sa matière première à l’intérieur, si elle lui coûte davantage ? Mieux vaudrait pour elle la tirer du dehors et ne la payer du moins que ce qu’elle vaut sur le marché du monde. Si l’existence des soies brutes sur notre sol est un bienfait de la nature, le système protecteur en a fait, pour l’industrie qui emploie ces matières, un désavantage réel, puisqu’il en a fait un prétexte pour lui défendre d’employer à des conditions égales les soies étrangères. Aussi cette industrie a-t-elle cessé de lutter au dehors pour la