Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/1069

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

littéraires de Paris pour les visiter en détail, nous n’aurions que trop souvent encore l’occasion de répéter quelques-unes des observations qu’on vient de lire, et la comparaison nous fournirait des observations nouvelles. Ainsi le personnel, insuffisant dans la rue Richelieu, excède dans d’autres bibliothèques les besoins du service. Les budgets sont surchargés par les traitemens d’employés parasites, et le chiffre total de ces traitemens n’est nullement en rapport avec le chiffre des acquisitions. Les catalogues des manuscrits laissent beaucoup à désirer, et on n’a en général, pour les imprimés, que des catalogues alphabétiques, ce qui rend impossible toute recherche sérieuse sur un sujet donné, et condamne les travailleurs les plus intrépides à d’inévitables omissions. Il importerait donc, avant tout, pour l’Arsenal, Sainte-Geneviève, la Mazarine, de publier les catalogues des manuscrits, et de rédiger, pour les imprimés, des catalogues méthodiques.

Le nombre des livres augmente chaque jour à tel point, qu’il est impossible, dans chaque dépôt, de se tenir au courant sans un surcroît de dépenses considérable. Il faudrait donc que nos diverses bibliothèques limitassent à certaines spécialités leurs acquisitions nouvelles ; au lieu de cinq ou six collections morcelées, où les mêmes ouvrages se répètent, tandis que d’autres ne se trouvent nulle part, on arriverait, après quelques années, à posséder, dans chaque branche des connaissances humaines, des collections distinctes et à peu près complètes, non-seulement pour les livres français, mais pour les livres étrangers, qu’il est si difficile de se procurer aujourd’hui.

A côté de la Mazarine, de l’Arsenal, de Sainte-Geneviève, Paris possède une quarantaine d’autres bibliothèques, entretenues aux frais de l’état, dépendantes des grands centres administratifs, des grands établissemens scientifiques, et, pour la plupart, inaccessibles au public : ne serait-ce pas rendre aux études un véritable service que d’adopter, pour quelques-unes de ces collections, en faveur des travailleurs sérieux et en s’entourant des garanties que réclame la conservation des livres, un mode uniforme d’admission, basé sur certains titres, réglé par certaines lois fixes, par exemple un système de cartes d’entrée qui, ménagées sagement et combinées avec quelques séances publiques, éloigneraient les oisifs et les lecteurs frivoles ? Ajoutons qu’à Paris, comme dans la province, il existe un grand nombre de doubles qui forment un fonds à peu près perdu pour l’étude. Des circulaires ministérielles ont, à diverses reprises, prescrit le récolement de ces doubles à l’aide desquels il serait facile, sans aucune charge nouvelle pour le budget, et au moyen des seuls échanges, d’accroître certains dépôts, et même d’en former de nouveaux. Par malheur, cette mesure n’a été que très imparfaitement exécutée ; les échanges n’ont point été faits, et les doubles reposent toujours, en attendant une destination, sous l’épaisse poussière qui les recouvre depuis le jour où la convention nationalisa les livres des nobles, des prêtres et des suppliciés.

L’organisation du personnel mérite également de fixer l’attention. Aucune’ loi fixe n’a réglé jusqu’ici les conditions de l’admission ou celles de l’avancement.