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en est dure et inaltérable. Pour la sculpture, qu’ils pratiquaient beaucoup, ils avaient des porphyres noirs, d’autres bigarrés. Les palais étaient spacieux, mais presque tous à un étage seulement et composés de plusieurs corps de logis distribués dans une vaste enceinte, disposition qui ressemble beaucoup à celle des palais de la Chine. Il y a tout lien de penser que c’était motivé par les tremblemens de terre, qui sont fréquens à Mexico, mais n’y sont pas violens, de sorte que les modernes ont pu y élever des édifices d’une assez grande hauteur, pourvu qu’ils les fissent passablement massifs[1]. Les Aztèques lambrissaient leurs palais en bois odoriférans habilement sculptés. Extérieurement les murailles étaient recouvertes d’un stuc blanc, solide, qui les faisait briller au soleil, si bien que lorsque, pour la première fois, les Espagnols rencontrèrent une ville mexicaine (celle de Cempoalla), les cavaliers de l’avant-garde revinrent au galop annoncer à leurs camarades que les maisons étaient plaquées de lames d’argent. Intérieurement les appartemens étaient ornés de marbres et de porphyres ou tendus en tapis de plumes. Les temples étaient de grandes pyramides en briques cuites au soleil ou simplement en terre, avec un parement en pierre, surmontées de sanctuaires et de tours qu’ornaient les statues des dieux ; au sommet brûlaient nuit et jour des feux qui, dans l’obscurité des longues nuits tropicales, donnaient aux villes un aspect mystérieux et imposant. L’immensité des temples et des palais, L’énorme travail que supposaient les constructions de tout genre réunies dans la vallée de Mexico, au nombre desquelles il faut citer les chaussées en maçonnerie jetées dans le lac, arrachèrent des cris d’admiration aux conquistadores et à leur général, peu prompt cependant à s’émouvoir. Lorsque Cortez, dans ses rapports à Charles-Quint, mentionne la ville d’Iztapalapan, qu’il traversa avant d’entrer dans la capitale de Montezuma, c’est pour lui dire qu’il y a des palais comparables à ce que l’Espagne offre de plus beau. Au sujet de Mexico, quand l’opiniâtre défense de Guatimozin l’oblige de la démolir maison par maison, il raconte à l’empereur que c’est avec un amer chagrin, parce que c’est la plus belle chose du monde.

La mécanique mexicaine était dans l’enfance : en cela, les peuples de l’antiquité les plus fameux n’étaient pas plus avancés. Cependant les Mexicains étaient parvenus à mouvoir de grandes masses, moins énormes, à la vérité, que celles des Égyptiens. Telle était, par exemple,

  1. La Mineria (école des mines), qu’on a voulu construire dans un style léger, a tout de suite menacé ruine.