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se réunirent de tous côtés et vinrent nous attaquer. Il fallut recommencer la bataille, et ce ne fut que vers six heures du soir que nous restâmes définitivement maîtres de la crête de partage des montagnes de Flissa, où toutes les tribus à vingt-cinq lieues à la ronde étaient venues combattre. Elles avaient perdu un millier d’hommes restés sur place, notre perte n’était que de 140 hommes.

Le lendemain, le général en chef apprit la nouvelle de l’attaque que les Marocains avaient faite le 30 mai contre les troupes du général de Lamoricière en avant de Lalla-Maghrania. Heureusement, il reçut en même temps des offres de soumission de la plupart des tribus qui avaient combattu la veille. Les circonstances lui commandaient de se montrer facile dans les arrangemens. Il renonça au projet qu’il avait de leur imposer une forte contribution de guerre ; il se borna à leur demander les impôts ordinaires. Trois jours furent employés à organiser le pays et à investir les nouveaux chefs. Le 25, le gouverneur alla s’embarquer à Dellys, escorté par les fonctionnaires qu’il venait de nommer. Deux bataillons s’embarquèrent aussi ; le reste des troupes fut dirigé sur Alger à marches forcées.

Le gouverneur resta trois jours à Alger pour faire les affaires les plus urgentes et ordonner les dispositions qu’exigeait la guerre qui se manifestait dans l’ouest ; puis, ayant mis sur des bateaux à vapeur le 48e et le 3e léger, un matériel d’ambulance et de l’artillerie de montagne, il partit pour Oran. Il fut assailli par une tempête, et il mit cinq jours à faire une traversée qui ne demande ordinairement que vingt-huit heures. Il débarqua le 3 juin à Oran, et le 12 il rejoignit le général de Lamoricière à Lalla-Maghrania.

Pendant la route, il avait remarqué chez les tribus qu’il avait traversées une grande inquiétude. Les chefs se présentaient à son camp, mais il n’y avait plus cette expansion, cette gaieté qui s’était montrée dans la visite qu’il leur avait faite au mois de mars. Il apprit que le pays était inondé de lettres d’Abd-el-Kader et d’agens marocains qui invitaient les populations à la révolte. Il comprit dès-lors qu’il fallait quelques actions éclatantes à la frontière pour contenir en arrière les Arabes, agités par l’espoir de la délivrance.

L’épreuve que subissait alors notre conquête, était des plus périlleuses. Pour s’en faire une juste idée, il faut que le lecteur sache que l’empereur de Maroc est, on le dit, descendant de Mahomet, qu’il est le chef religieux de tout le nord de l’Afrique, et qu’il dispose de nombreux guerriers. Il était donc naturel que les tribus de l’Algérie crussent que l’heure de la liberté avait sonné pour elles.