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royauté, c’était assurément celui-là. Lorsque le premier serment de Reims imposait l’obligation de défendre contre l’hérésie l’unité de la foi, lorsque les lois ecclésiastiques avaient le caractère et la force des lois civiles, et que le prince s’honorait du titre d’évêque du dehors, l’exercice du pouvoir royal par un protestant était une impossibilité non moins évidente que ne le serait de nos jours la souveraineté d’un roi constitutionnel qui nierait la constitution. Jamais, du reste, obstacle ne fut plus universellement aperçu. Sur ce point, tous ceux qui ne s’avouaient pas ouvertement calvinistes s’exprimaient dans les mêmes termes. Relativement à l’impossibilité de voir un prince calviniste exercer les fonctions royales dans le royaume des fils aînés de l’église, il n’y avait qu’une opinion au parlement comme à l’hôtel de Grève, aux halles des marchands comme dans les salons des grands seigneurs. Catholiques politiques et catholiques ligueurs, gallicans et ultramontains, depuis l’avocat Pasquier jusqu’à l’avocat David, du président de Harlay au fougueux Lincestre, tout le monde faisait des déclarations presque identiques.

Dans la polémique engagée à cette époque, pas un catholique ne contesta la nécessité où se trouvait Henri de Navarre, pour s’asseoir au trône de son aïeul saint Louis, de rentrer en communion morale avec son peuple. La seule différence notable entre l’opinion des politiques et celle exprimée par les ligueurs, c’est que, suivant ceux-ci, le droit héréditaire était incapable de saisir un hérétique excommunié, tandis que, selon les autres, le droit de succéder était, dans tous les cas, bien et dûment acquis à l’héritier naturel, à condition qu’il rentrerait dans la communion nationale et qu’il se réconcilierait canoniquement avec l’église. La plupart des parlementaires admettaient une sorte de droit absolu en soi, mais inerte, et quoiqu’ils s’exprimassent sur ce point en termes confus, ils paraissaient en subordonner l’exercice à une prompte réconciliation avec l’église. Qu’on lise avec attention les nombreux écrits du parti politique, et l’on y trouvera cette doctrine partout consignée. Les auteurs même de la Ménippée, dans les plus vives ardeurs de leur dévouement monarchique, invoquent à chaque page la promesse solennellement faite par le roi de donner pleine satisfaction à la conscience de ses sujets sitôt que sa conversion ne lui sera plus imposée l’épée sur la gorge, au préjudice de son honneur comme prince et comme homme.

Henri partagea constamment sur ce point l’opinion de l’universalité de ses partisans catholiques, et à aucune époque de sa carrière on ne citerait une seule parole de laquelle on pût inférer qu’il espérât jamais