serment. Après les autres, le comte se leva, étendit la main sur le livre qu’on lui présentait en disant :
— Je le jure.
Après quoi il remit son chapeau sur sa tête.
— Messieurs, la séance est levée. Je n’ai plus qu’un mot à dire.
Un silence profond se rétablit.
— Nous sommes trahis !
Et dans le premier effet de cette parole le comte reprit avec feu :
— Ici même, au milieu de nous, un espion nous écoute. Point de trouble ; il est en nos mains, et, quel qu’il soit, il ne peut échapper à notre justice.
Les conjurés, dans le même silence, se regardaient entre eux.
— Je demande qu’il soit jugé immédiatement, et avant que je le fasse connaître, afin que nul ne soit retenu dans sa sentence.
Hercule, se voyant découvert, ne bougea point de sa place, non plus qu’aucun des hommes qui étaient là.
— C’est à vous, monsieur le comte, dit une voix, de donner le premier votre avis.
— La mort ! dit M. de Limoëlan en se détournant.
— La mort ! répétèrent les autres.
— Qu’on le désigne ! dit la première voix.
Le comte, le bras étendu, allait parler ; mais Hercule ne lui en laissa pas le temps et s’avança vers la table sous la lumière des lampes.
— Je suis sans doute celui dont on parle, mais je ne suis ni un espion ni un traître.
— Votre nom ? dit une autre voix.
— Je m’appelle Hercule de Limoëlan, je suis né dans cette maison, et je me trouve ici par hasard.
Le capitaine prononça ces paroles d’une voix aussi calme que celle de son père ; elles produisirent parmi les conjurés une sensation visible où l’on distinguait l’horreur et l’admiration. Un d’entre eux, qui s’était approché, se retourna avec quelque embarras vers le comte comme pour l’interroger.
— Major, vous connaissez la sentence, dit le comte d’une voix sourde.
— Et le moment ? reprit cet homme.
— Sur-le-champ.
On se taisait, mais ce silence laissait voir ce qui se passait dans les cœurs. Hercule tira son épée et la présenta par la poignée.
— Je conçois, messieurs, que ma mort vous est nécessaire ; mais je