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à la principale cause du malaise, qui elle-même-nous doit clairement indiquer le moyen de fermer tant de plaies saignantes, d’en finir avec de si profondes et de si douloureuses complications. En Portugal, pour les chefs de tous les partis, pour les hommes sincères, il n’y a pas deux systèmes de politique extérieure. Sur la question principale, M. da Costa-Cabral peut aisément se mettre d’accord avec ses plus déterminés adversaires : le moyen de croire que sur toutes les autres il ne lui fût point également facile de s’entendre avec eux, ou du moins de les réduire à une radicale impuissance, s’il prenait franchement le parti de renoncer à cet inquiet et mesquin absolutisme qui, depuis trois ans, ne lui a suscité que des périls et des embarras ?


IV – SITUATION DIPLOMATIQUE ET COMMERCIALE

Pour la diplomatie, en Portugal, il y a dans ce moment quatre rôles bien distincts : on comprend aisément ces rôles quand on connaît les catégories dans lesquelles peuvent se ranger à Lisbonne les ambassadeurs et les ministres des diverses nations. Dans la première, il faut placer les diplomates qui, par une intervention active, incessante entre le gouvernement et les partis, viennent chaque jour en aide à M. da Costa-Cabral ; à vrai dire, cette catégorie-là, c’est l’envoyé du Brésil qui à lui seul la forme tout entière ; nous avons eu à définir déjà l’influence qu’exerce à Lisbonne M. Antonio Menezes Vasconcellos de Drummond. A la seconde appartiennent les diplomates qui, avant tout, sinon exclusivement, se préoccupent de certains principes dont M. da Costa-Cabral leur paraît, à défaut de l’infant dom Miguel, le plus franc et le plus hardi défenseur ; ces diplomates pourtant ne soutiennent guère le jeune ministre que par leurs encouragemens et par leurs conseils. Ici nous rencontrons en première ligne l’envoyé d’Autriche, M. le feld-maréchal baron de Marschall, qui, à proprement parler, représente à Lisbonne non-seulement l’empereur, son maître, mais la Russie, la Suède, la Prusse, la confédération germanique et tout le nord absolutiste de l’Europe ; à tous ces ministres ou envoyés du nord de l’Europe nous joignons à regret l’internonce du pape, monseigneur Camillo di Pietro. Nous voudrions que le représentant de la puissance religieuse en Portugal se tînt scrupuleusement à l’écart des stériles agitations de la politique. Tout récemment, à l’époque où M. da Costa-Cabral a demandé un bill d’indemnité aux cortès, M. di Pietro est allé plus loin encore ; on eût dit qu’il était jaloux de se ménager une petite place à côté même de M. de Drummond. M. di Pietro a convoqué dans son palais tous les évêques pairs du royaume, et les a déterminés à voter pour M. da Costa-Cabral. Avec un regret non moins vif, nous nous voyons également contraint d’y joindre le ministre d’une puissance constitutionnelle, le chargé d’affaires de Belgique, M. de Beaulieu. On concevra sans peine le crédit dont M. de Beaulieu jouit à Lisbonne, si l’on songe qu’il y représente l’oncle même du roi dom Fernando, qui professe pour le roi des Belges une affection profonde et une grande vénération. Avant M. de Beaulieu, M. Wan-de-Weyer