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ÉTUDES SUR LA CIVILISATION DE L'ÉGYPTE ANCIENNE.

doute en faisant cette offrande à Minerve de Lindos, Amasis croyait honorer encore la Neith de Saïs, sa patrie[1], déesse que les Grecs assimilaient à leur Minerve. Enfin, il fit placer dans le temple de Junon, à Samos, deux statues de bois qui représentaient sa royale personne[2].

La condescendance de ce Pharaon pour les dieux de la Grèce ne fut accompagnée d’aucune diminution dans son attachement pour la religion nationale. Cet attachement est prouvé par les travaux qu’il fit exécuter dans les temples de l’Égypte, travaux qui égalent, s’ils ne surpassent, ceux des Pharaons de la dix-huitième dynastie. Il fit déposer dans tous les temples les plus célèbres de l’Égypte, dit Hérodote, des ouvrages remarquables par leur grandeur. De ce nombre est le colosse couché sur le dos, placé devant l’Hephæstium à Memphis, et long de 75 pieds.

Il y en avait deux autres sur la même base de chaque côté du grand[3]. Amasis en fit élever un troisième à Saïs, ayant même dimension et même posture, c’est-à-dire long de 75 pieds et couché sur le dos. On n’a su comment s’expliquer ces colosses couchés, car on n’en connaît pas d’exemples, tous étant assis ou debout. Je pense que ce devaient être des statues d’Osiris représenté couché sur le lit funèbre, comme on le voit souvent figuré dans les bas-reliefs relatifs aux funérailles du dieu. On sait en effet qu’il était particulièrement adoré à Memphis, d’abord sous le nom d’Osiris, et plus tard sous celui de Sérapis, ainsi qu’à Saïs, où l’on montrait, selon Athénagore, son tombeau et même son corps embaumé[4].

Cette dimension de 75 pieds équivaut à 26 mètres 325 millimètres dans le module d’Éléphantine, ou à 23 mètres 1 millimètre dans le module grec ; en admettant même le plus faible des deux modules, ce colosse surpassait en grandeur celui même du colosse de Rhamessès, au Rhamesseum (ou prétendu tombeau d’Osymandas), le plus grand colosse connu qui, s’il avait été debout, n’aurait eu que 22 mètres[5].

Voilà donc deux colosses aussi grands, pour le moins, que les plus grands de ceux qui furent élevés à Thèbes.

Dans le téménos de Saïs, Amasis fit élever deux grands obélisques. L’épithète de grands ne permet pas de douter que ce ne fussent des

  1. Il était de Siouph, près de Saïs (Herod., ii, 172,).
  2. Herod., II, 182.
  3. Avec Valla, Schaeffer et Schweighaeuser, je lis μεγάλου, au lieu de μεγάρου.
  4. Leg. pro Christ., § XXV, p. 115.
  5. Description de Thèbes, p. 146