mars 1822, ont été appuyées par toutes les observations qu’ont amenées d’abord la découverte de Champollion, ensuite les applications de l’alphabet phonétique dues à cet illustre philologue, et à d’autres savans ou voyageurs : d’où est résultée la preuve qu’un grand nombre des édifices qui subsistent dans la vallée du Nil ont été construits, décorés, achevés ou réparés pendant les dominations successives des Perses, des Grecs et des Romains[1].
Ma thèse principale, relative à l’effet de la domination persane, se trouvant ainsi confirmée sur tous les rapports, je croyais inutile de la reprendre, lorsque je me suis aperçu que des savans distingués hésitent encore à présent sur ce point, qui me paraît être un des plus importans de l’histoire ancienne. Un des hommes qui ont le mieux étudié les antiquités égyptiennes, sir Gardner Wilkinson, continue de penser que les Perses ont porté un coup mortel aux arts et aux institutions de l’Égypte[2], en sorte que tout monument de beau style égyptien devrait être considéré comme antérieur à cette époque.
D’autres savans pensent encore qu’il n’existe réellement aucun monument égyptien qui soit de l’époque grecque ou romaine, et que les cartouches hiéroglyphiques des Ptolémées ou des empereurs qu’on y trouve gravés, ont été remplis après coup. Ce retour vers des opinions qui, bien examinées, ne peuvent plus se soutenir, provient de ce que la question principale sur l’influence de la domination des Perses n’a jamais été discutée régulièrement ni approfondie dans ses détails, au moyen d’une comparaison suivie des textes et des monumens. C’est là ce qui m’engage à la reprendre, maintenant qu’on a tous les moyens de combiner ces deux sources de renseignemens, et, en les contrôlant les uns par les autres, d’arriver à un résultat certain et définitif.
Cette étude se bornerait à faire connaître le sort de la civilisation égyptienne sous les dominations étrangères, qu’elle serait encore digne de l’attention et de l’intérêt de tout esprit sérieux ; mais elle a une portée plus grande, puisqu’elle doit amener la solution d’un des problèmes les plus intéressans que présente l’histoire des sciences.
Depuis Bailly, on s’est fait, en général, une très haute opinion de l’état où elles étaient parvenues chez les anciens Égyptiens. Malgré les résultats contraires, amenés par des recherches récentes, le pré-