ment des séminaires[1]. Enfin, quand le jour d’une discussion publique est venu, les droits de la philosophie et ceux de l’état ont trouvé des défenseurs qui ont pu les revendiquer avec toute l’autorité que donnent des noms illustres, des talens éminens, et plus encore l’union d’une fermeté inébranlable et d’une modération à toute épreuve. On peut dire qu’à la chambre des pairs, par l’organe de M. Cousin ; à la chambre des députés, par l’organe de M. Thiers, la philosophie et l’état ont fait reconnaître et vu consacrer leurs droits par la raison publique. Voilà où en était la lutte du clergé et de la philosophie ; voici maintenant ce qu’on nous propose : c’est de compromettre une victoire à moitié gagnée par des violences qu’un grand péril n’explique plus. Est-il besoin de dire que nous n’accusons point ici M. Michelet ? Il exerce de justes représailles. Violemment attaqué, il attaque violemment ; mais distinguons les questions de personnes des questions d’intérêt général, et voyons où l’on se trouve conduit quand on entreprend, sous l’inspiration d’une colère même légitime, une chose aussi sérieuse et qui demande aussi impérieusement un esprit libre que la critique des institutions religieuses.
Osons-le dire à M. Michelet. Emporté par une indignation généreuse, par de légitimes ressentimens, il n’a pu conserver cette haute impartialité si nécessaire au philosophe, cette critique compréhensive, cette sérénité équitable, qui seules impriment aux jugemens de l’historien un caractère de solidité et de durée. Lui, l’historien sympathique du moyen-âge, qui a concouru avec M. Guizot à tirer l’histoire de l’ornière des Dupuis, des Raynal, pour la faire entrer dans les larges voies d’une critique étendue et impartiale, le voilà qui détruit son propre ouvrage, rompt avec son passé, retourne en arrière et emprunte au vieil esprit du XVIIIe siècle ses passions et ses haines, ses vues exclusives, ses aveugles préventions. Comment cet esprit élevé ne voit-il pas que, loin d’avancer, de préparer les voies à la philosophie, il en retarde les progrès.
Discutons en effet sérieusement son ouvrage ; laissons de côté les accidens de la polémique, les anecdotes, les portraits ; allons au fond des choses. Je réduis l’essentiel du livre de M. Michelet aux trois affirmations suivantes : 1o la direction spirituelle a pour objet propre et pour effet nécessaire d’affaiblir graduellement et de détruire la vo-
- ↑ Voyez les livres de M. Libri, de M. Génin, les articles de M. Lerminier, de M. Jules Simon.