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XVIe siècle, Voltaire et Diderot au XVIIIe, et de nos jours l’attique et étincelante plume de Courier, nous ont laissé bien peu à dire, et M. Michelet a horreur des lieux communs. D’ailleurs le célibat ecclésiastique et même la confession, du moins telle qu’elle est organisée aujourd’hui, ne tiennent point à l’immuable essence du catholicisme. Tout le monde sait que dans les premiers siècles de l’église il n’y avait nulle incompatibilité entre l’état du mariage et le saint ministère, que saint Pierre et saint Philippe étaient mariés et avaient des enfans[1] ; lisez le cinquième canon des apôtres, il prononce l’excommunication d’un prêtre qui se sépare de sa femme sous prétexte de pureté[2]. Le concile d’Elibéry alla plus loin, il défendit expressément aux prêtres de s’abstenir du lit conjugal, et un autre concile, apprenant que l’église de Rome, en consacrant les prêtres, leur imposait le célibat au sein même du mariage, condamna cet usage et ordonna qu’on en revint à la règle des apôtres[3]. Qui ne sait aussi que saint Paphnus éleva la voix en faveur du mariage des prêtres au concile de Nicée, qui ne voulut rien décider là-dessus, laissant à l’état de virginité son prestige et à l’église sa liberté ; et lorsque Grégoire VII, bien des siècles après, pour rendre à l’église énervée son ressort et sa discipline, imposa le célibat aux ministres de l’autel, des royaumes entiers, la Suède, la Pologne, le Portugal, les peuples de Frise, restèrent attachés à d’autres usages. Supposez maintenant que l’église modifie sa discipline actuelle, qu’elle permette le mariage aux prêtres ; supposez aussi qu’elle réforme l’administration du sacrement de pénitence, qu’elle ne la confie par exemple qu’à des prêtres âgés et en rende l’usage plus rare pour les fidèles, je demande si le mal que dénonce M. Michelet sera guéri. Cette seule question ferait sourire assurément le hardi et spirituel écrivain. Ce n’est pas la première fois en effet qu’il s’explique sur le célibat des prêtres. Il écrivait il y a peu d’années dans son Histoire de France cette éloquente page :

« Certes, ce n’est pas moi qui parlerai contre le mariage : cette vie aussi a sa sainteté. Toutefois, ce virginal hymen du prêtre et de l’église n’est-il pas quelque peu troublé par un hymen moins pur ? Se souviendra-t-il du peuple qu’il a adopté selon l’esprit, celui à qui la nature donne des enfans selon la chair ? La paternité mystique tiendra-t-elle contre l’autre ? Le prêtre pourrait se priver pour donner aux pauvres, mais il ne privera pas ses en-

  1. Fleury, Mœurs des Chrétiens, p. 96.
  2. Acta Conciliorum, t. I, p. 26.
  3. Basnage, Hist. de l’Église, t. II, chap. VII, p. 1502 et suiv.