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venue incontestablement meilleure ; averti par les fautes même qu’il a commises dans ces derniers temps et contre lesquelles, pour notre compte, nous nous sommes énergiquement élevés, il a renoncé au système de l’intimidation ; il a compris que, bien loin de trancher les difficultés actuelles, ce système les pouvait compliquer au point de les rendre invincibles. Au sénat, une majorité immense en finit sans trop faire parler d’elle avec la malencontreuse réforme de la loi fondamentale ; encore quelques jours, et dans les chambres comme dans les ministères, comme dans la presse, on ne s’occupera plus, nous le pensons, que des lois organiques et administratives qui, du conseil d’état à l’ayuntamiento du plus petit village, doivent réorganiser le pays. Tout récemment, il est vrai, M. Martinez de la Rosa a présenté au sénat une loi contre la traite, qui soulèvera des discussions extrêmement vives ; mais cette fois, du moins, l’Europe entière, qui suivra ces discussions avec tout l’intérêt que comporte une grande question d’humanité, n’accusera point le cabinet de Madrid de les avoir provoquées. Le projet établit contre la traite une sévère pénalité corporelle et fiscale ; c’est un sérieux effort entrepris pour réprimer cet exécrable trafic. Les chambres espagnoles n’oublieront pas cependant, nous en avons l’espoir, qu’elles n’ont pas seulement à débattre les intérêts de l’humanité, mais ceux de leurs colonies, ceux de leur industrie, de leur commerce, de leur marine, incessamment menacés par l’Angleterre : nous verrons bien si elles sauront les défendre contre la nation qui leur a pris Gibraltar.


Aucun ami des lettres n’est resté étranger à la vive controverse que suscita, il y a deux ans, le rapport de M. Cousin à l’Académie française sur le livre des Pensées. Ce rapport mémorable, dont certaines conclusions ont été si passionnément discutées, si ingénieusement contredites, mais que ses plus sérieux adversaires ont admiré comme un durable monument d’habile critique et de beau langage, M. Cousin nous le donne aujourd’hui pour la seconde fois[1] avec un grand nombre d’additions intéressantes, au milieu desquelles brille d’un éclat singulier l’étincelant Discours sur les Passions de l’Amour, découverte unique et merveilleuse, bonne fortune inouie, la plus heureuse et la plus piquante qui pût arriver à un érudit passionné pour le grand langage du XVIIe siècle, à un philosophe engagé dans la délicate et périlleuse mission de mettre à nu les derniers secrets de l’ame de Pascal. Mais on n’est jamais impunément heureux dans ce monde, particulièrement dans la république des lettres, et il eût été trop étrange qu’une si belle découverte n’eût attiré à son auteur que les remerciemens des gens de goût.

  1. Des Pensées de Pascal, par M. Victor Cousin ; nouvelle édition, revue et augmentée. — Chez Ladrange, quai des Augustins, 19, et Joubert, rue des Grès-Sorbonne, 14.