sentimens pour le prochain ; on dirait véritablement la charité chrétienne. Dans l’exhortation par laquelle se terminait la confession, le prêtre disait au fidèle : « Donne à manger à ceux qui ont faim, des habits à ceux qui sont nus, quelques privations que ce soin doive t’imposer, car la chair des malheureux est ta chair, et ils sont des hommes semblables à toi-même… »
Les mœurs n’étaient point dissolues ; elles étaient plutôt sévères. À l’exception des chefs, qui possédaient plusieurs concubines, chaque homme n’avait qu’une femme, et encore les concubines des princes étaient-elles reconnues par la loi et avaient-elles certains priviléges qui relevaient leur condition. « Quiconque regarde une femme avec trop de curiosité, enseignait-on, commet un adultère par les yeux. » C’est identiquement une parole du Christ rapportée par saint Matthieu. Le mariage était entouré de formalités protectrices ; il se célébrait avec solennité. Le divorce n’était permis que dans des cas déterminés et moyennant l’arrêt d’un tribunal spécialement institué pour résoudre les questions que le mariage pouvait soulever. L’adultère était puni de mort, et la vie du roi Nezahualpilli offre trois exemples remarquables de l’application de cette peine : l’un sur la reine même, épouse de ce prince, qui cependant n’était rien moins que la fille de l’empereur de Mexico ; la princesse et ses complices furent jugés et suppliciés suivant toutes les rigueurs du code, malgré l’élévation de leur rang ; le second, sur une dame noble qui s’était donnée à lui sans lui révéler qu’elle était en puissance de mari ; le troisième, sur son propre fils, qui avait eu une correspondance en vers avec une des concubines royales, cas prévu par la loi. Les tribunaux prononcèrent la sentence, et le père la laissa exécuter, mais il s’enferma ensuite pendant plusieurs semaines dans son palais, dévoré de douleur, sans consentir à voir personne.
La position sociale des femmes ressemblait beaucoup plus à ce que nous avons en Europe qu’aux usages de l’Asie. Elles n’étaient pas enfermées dans le harem comme chez les mahométans, on ne leur mutilait point les pieds comme en Chine. Elles allaient le visage découvert, étaient admises aux fêtes et s’asseyaient aux banquets. Nous avons telle province, en France, au XIXe siècle, où parmi les paysans, la femme ne prend pas part aux festins et ne s’en mêle que pour servir humblement les seigneurs de la création. Les femmes mexicaines étaient exemptes des travaux de force, que les hommes