Ces filons ne présentaient souvent aucune trace d’ouverture latérale, et les débris dont ils étaient remplis les comblaient parfois entièrement. Il devenait dès-lors impossible qu’ils eussent servi de retraite aux animaux dont ils renfermaient les restes, portant presque toujours des traces de fractures et souvent polis comme par des frottemens réitérés. Pour expliquer ces diverses circonstances, on fut conduit à regarder ces filons comme d’anciennes fissures où des courans d’eau avaient entraîné et entassé les squelettes laissés à nu sur le sol.
Cette théorie, que soutinrent surtout quelques géologues français, a reçu, il y a trois ans, une confirmation éclatante. MM. Constant Prévost et Desnoyers ont découvert aux environs de Paris, mais surtout à Montmorency et à Fontainebleau, un grand nombre de brèches anciennes semblables à celles qu’on rencontre en si grand nombre sur les côtes de la Méditerranée et des brèches récentes en voie de formation. Dans les premières, ils ont reconnu les ossemens caractéristiques des faunes paléontologiques : dans les secondes, ils n’ont trouvé que des débris d’animaux actuellement vivans ; ils ont pu se convaincre que ces dernières s’enrichissent journellement à mesure que les eaux pluviales y amènent de nouveaux dépôts. Ces observations complètent, sans les détruire, celles qu’on devait à M. Buckland, et l’on doit donc aujourd’hui distinguer des cavernes à ossemens les brèches osseuses dont nous venons de parler.
C’est à ces dernières qu’appartient la grotte de San-Ciro. Avant d’avoir été dépouillée, elle présentait sur les parois à pic de la montagne une tranche d’environ vingt pieds de haut, composée presque uniquement d’ossemens agglutinés par des infiltrations calcaires ou cimentés par une petite quantité de sable quarzeux et d’argile durcie. C’était comme une roche de composition particulière qui murait l’entrée de la caverne et remplissait presque tout l’intérieur ; on y trouvait des débris d’éléphans, d’hippopotames, de daims, de cerfs, de plusieurs espèces de chiens, mêlés à des coquilles marines. Cette dernière circonstance, jointe aux traces de perforation que présentent les parois de la caverne, et qu’on peut attribuer à certains mollusques marins, a fait penser au docteur Cristie que cette brèche a dû se former sous les eaux de la mer, et être plus tard soulevée par quelqu’un de ces bouleversemens dont la Sicile porte partout l’empreinte irrécusable. Quoi qu’il en soit de cette opinion, la masse de débris accumulés en ce lieu était tellement considérable, qu’elle éveilla le génie spéculateur de quelques Anglais. La caverne de San-Ciro fut mise en exploitation régulière, et ses fossiles, transportés à Londres, furent convertis