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vues générales sur les forces qui animent l’univers. Tels sont le nombre immense d’étoiles ou plutôt de soleils doubles, tournant autour d’un centre de gravité commun, et révélant l’existence de l’attraction newtonienne dans les mondes les plus éloignés ; l’abondance ou la rareté des taches du soleil, c’est-à-dire de ces ouvertures qui se forment dans les atmosphères lumineuse et opaque dont le noyau solide est enveloppé ; les chutes régulières des étoiles filantes du 13 novembre et de la fête de saint Laurent, anneau d’astéroïdes qui coupent probablement l’orbite de la terre, et se meuvent avec une vitesse planétaire.

Si des régions célestes nous descendons vers la terre, nous désirons concevoir les rapports qui existent entre les oscillations du pendule dans un espace rempli d’air, oscillations dont la théorie a été perfectionnée par Bessel, et la densité de notre planète ; nous demandons comment le pendule, faisant les fonctions d’une sonde, nous éclaire jusqu’à un certain point sur la constitution géologique des couches à de grandes profondeurs. On aperçoit une analogie frappante entre la formation des roches grenues qui composent des courans de laves à la pente des volcans actifs, et ces masses endogènes de granite, de porphyre et de serpentine, qui, sorties du sein de la terre, brisent, comme roches d’éruption, les bancs secondaires, et les modifient par contact, soit en les rendant plus durs au moyen de la silice qui s’introduit, soit en les réduisant à l’état de dolomie, soit enfin en y faisant naître des cristaux de composition très variée. Le soulèvement d’îlots sporadiques, de dômes de trachyte et de cônes de basalte par les forces élastiques qui émanent de l’intérieur fluide du globe, ont conduit le premier géologue de notre siècle, M. Léopold de Buch, à la théorie du soulèvement des continens et des chaînes de montagnes en général. Une telle action des forces souterraines, la rupture des bancs de roches de sédiment (dont le littoral du Chili, à la suite d’un grand tremblement de terre, a offert un exemple récent, permettrait de regarder comme possible que des coquilles pélagiques trouvées par M. Bonpland et moi, sur la crête des Andes, à plus de quatre mille six cents mètres d’élévation, soient parvenues à cette position extraordinaire, non par l’intumescence de l’océan, mais par des agens volcaniques capables de rider la croûte ramollie de la terre.

J’appelle vulcanisme, dans le sens le plus général du mot, toute action qu’une planète exerce sur sa croûte extérieure. La surface de notre globe et celle de la une manifestent les traces de cette action qui, dans notre planète du moins, a varié dans la série des siècles.