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de la métropole. En l’absence momentanée de Clive, qui venait de partir pour s’aboucher personnellement avec le fameux Pitt, ce ministre si bien fait pour le comprendre, le conseil de l’Inde, d’après les dernières instructions du gouverneur, avait remplacé, comme tenancier du Bengale, un malheureux prince déjà dépouillé, Mîr Giaffer, par un second, Mîr Kâssim, gendre du précédent et auquel on connaissait quelque fortune qu’on se proposait d’exploiter. Mîr Kâssim, en se chargeant de l’administration au nom de son beau-père, s’engageait à payer toutes les dettes de celui-ci, à céder à la compagnie le revenu de trois nouveaux districts, ceux de Burdwan, Midnapour et Chittagong, et enfin à faire cadeau à la municipalité de Calcutta d’une somme de cinq lacs de roupies (1,200,000 francs). Avec ces nouvelles ressources et des troupes remplies d’ardeur, parce que tous leurs arrérages de solde venaient enfin d’être payés, fait dont on n’avait encore vu d’exemple sous aucun gouvernement indien, le conseil colonial anglais se trouvait assez fort pour attaquer le Grand-Mogol lui-même, et lui enlever sa fertile province de Bahar que l’on convoitait depuis long-temps. C’en fut assez pour qu’il n’hésitât point à entamer une guerre qui lui promettait à la fois des richesses et de la gloire.

Shah-Alun[1], c’était le nom du pauvre empereur, connaissant les vues de la compagnie et désirant sauver sa plus belle propriété, y était campé, au mois de juillet 1761, avec une armée indisciplinée et peu nombreuse, quand il fut attaqué vigoureusement par le major Carnac, à la tête des troupes anglaises combinées avec celle de Mîr Kâssim. Après avoir essayé une faible résistance, il s’enfuit aux premiers coups de canon, laissant sur le champ de bataille ses bagages et le peu qu’il possédait d’artillerie. Ce fut au moment de ce désastre que se passa un fait touchant dont l’histoire nous a gardé le souvenir. Lorsque Shah-Alum fut le premier à déserter sa cause, la petite compagnie française de Law, fatiguée de la vie errante qu’elle menait depuis long-temps, se laissa gagner par le découragement de l’empereur et prit la fuite. Seul, Law ne put se résoudre à quitter le champ de bataille. S’adossant à un des canons, il s’assit le visage tourné vers l’ennemi et attendit la mort. En ce moment, il s’aperçut qu’il n’était pas seul. Deux jeunes gens étaient à ses côtés : l’un était un cipaye, nommé Raja-Ram, dont il avait plus d’une fois remarqué la bravoure ; l’autre, on l’a déjà nommé, c’était Joseph Sombre. Ordres, prières, rien ne les décida à s’éloigner de leur chef. Assis sur le même affût,

  1. Shah-Alum veut dire le roi du monde.