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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 novembre 1845.


Nous venons d’assister, non pas à une modification politique du cabinet, mais à un arrangement intérieur. M. le maréchal Soult, tout en conservant encore la présidence du conseil, n’est plus ministre de la guerre, et il a pour successeur, dans le département qu’il a si long temps occupé, M. Moline de Saint-Yon. Cette fois, M. le duc de Dalmatie a persisté dans la résolution, souvent annoncée, de s’isoler du mouvement des affaires, et, s’il ne l’a pas entièrement accomplie, c’est grace aux prières, aux instances, tant de ses collègues que de la couronne. Jamais M. le maréchal Soult n’avait été plus hautement proclamé homme nécessaire, indispensable. On voulait surtout éviter que par une retraite définitive il ne rendît vacante la présidence. Aussi s’est-on prêté à tous les arrangemens qui pouvaient lui être agréables ; tous ses désirs ont été des lois, sauf un seul néanmoins. M. le marquis de Dalmatie ne sera pas ambassadeur auprès du saint-siège ; M. Rossi restera à Rome ; il y passera sans doute l’hiver, et M. de Bois-le-Comte retourne momentanément à La Haye.

C’est, à vrai dire, M. le maréchal Soult qui a nommé lui-même son successeur ; c’est de sa main que ses collègues et la couronne ont voulu prendre un ministre de la guerre. On avait passé en revue bien des lieutenans-généraux ; après avoir comparé, pesé les candidats, on a fini par trouver plus commode pour tout le monde d’élever au poste devenu vacant par la retraite du maréchal un de ses collaborateurs. De cette façon, ce n’était plus qu’une affaire de famille. Voilà comment M. Moline de Saint-Yon s’est trouvé tout à coup ministre de la guerre. Que de gens dont l’ambition s’évertue, qui intriguent sans réussir, qui s’agitent sans arriver ! Voici une fortune politique née tout entière des circonstances. Il a été dans les convenances de chacun de donner le portefeuille de la guerre à un administrateur modeste et jusqu’à présent obscur. On n’a pas été arrêté par la considération que M. de Saint-