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LES


EAUX DE FANCESBAD.




Vous avez jugé que quelques lumières précises sur les sources minérales de la Bohême seraient en ce moment de quelque intérêt pour le public, car, bien que ces eaux commencent à faire parmi nous plus de bruit qu’elles n’avaient coutume, il est cependant assez difficile de rencontrer quelqu’un qui les connaisse. J’ai, à la vérité, l’avantage de les avoir visitées ; mais je vous préviens tout de suite que je me range néanmoins parmi ceux qui ne les connaissent point assez pour en parler, sauf pourtant celles de Francesbad, pour lesquelles je serai peut-être en état de vous satisfaire. Heureusement ce sont tout juste celles qui, à mon avis, importent le plus à la France, puisqu’en même temps qu’elles sont les moins éloignées, ce sont elles aussi qui diffèrent des nôtres le plus radicalement.

Permettez moi, monsieur, de commencer par les poser.

Tout le monde sait que la Bohême est enclose de quatre chaînes de montagnes qui ne laissent, dans la totalité de son enceinte, qu’une seule porte, par laquelle s’échappe l’Elbe : c’est de l’instruction élémentaire ; mais il est permis d’ignorer, tout au moins de ne pas se souvenir qu’il existe une cinquième chaîne, nommée le Mittelgebirge, qui, courant dans l’intérieur du pays de l’ouest à l’est, à peu près parallèlement à l’Erzgebirge et seulement à quelques lieues de distance de sa base, vient se perdre, à droite de l’Elbe, dans les dépendances de la chaîne des Géans. Le Mittelgebirge, qui, considéré géologiquement, présente une étendue d’une quarantaine de lieues, est, comme notre chaîne du Mont-Dore, tout volcanique. A l’une de ses extrémités, celle qui regarde l’orient, se dresse la masse énorme de Milleschauer,